Revue Spécialiséé Trimestrielle

LA TARBALA OU LES MOUVEMENTS RYTHMIQUES CHEZ LES ‘ABABDAS

Issue 9
LA TARBALA OU LES MOUVEMENTS RYTHMIQUES CHEZ LES ‘ABABDAS

dans ses croyances et ses rites festifs, dans ses rythmes, ses chants, ses particularités vestimentaires, etc. qui, tous, influent nécessairement sur la conception des formes et des contenus des danses populaires de chaque groupe.

L’enquête porte sur les ‘Ababdas, tribus arabes vivant en Egypte et au Soudan. En Egypte, ces tribus sont disséminés dans une région du Sahara oriental, s’étendant au sud d’une ligne qui relie, depuis le nord, Safaga et Qana à la Mer Rouge, vers l’est, au Nil, vers l’ouest, et s’étendant jusqu’aux frontières administratives du sud du pays.

Les ‘Ababdas se sont fixés à Qana, Qous, Louxor et Arment, à l’ouest du Nil, Isna, Idfou, Koum Embou, à l’est du Nil, ainsi qu’à Assouan et en Nubie, se concentrant en fait principalement dans les régions situées sur le versant oriental du Nil. La plupart des chercheurs font la confusion entre les tribus des ‘Ababdas et celles des Bichariyas qui constituent une branche des Bijahs, en raison de leur voisinage géographique qui fait qu’ils partagent parfois le même territoire.

Les ‘Ababdas se répartissent en quatre groupes de tribus : Les ‘Achibets(2) Les fakras (3) Les Mlikets (4) Les Chnatirs et les ‘Ubudiyns Les ‘Ababdas qui habitent au nord d’Assouan (région concernée par l’enquête) appartiennent pour la plupart aux ‘Achibets. Il importe à cet égard de noter qu’il n’existe pas de région ou de zone appartenant, de façon particulière, à une tribu, car, par la nature même de leur mode de vie, ces populations ont souvent tendance à émigrer vers des territoires où d’autres ‘Ababdas – sans préjudice de la branche à laquelle ils appariennent – les ont précédés.

Parmi les coutumes et traditions des ‘Ababdas, on peut citer la célébration de la naissance d’un enfant ainsi que les cérémonies de circoncision et de mariage, à l’occasion desquelles des animaux sont égorgés pour le banquet du soir. Celui-ci est suivi d’abord par un solo de guitare, exécuté par le sam’r (musicien qui anime les veillées), les ‘Ababdas n’utilisant guère d’instruments à percussion, mais créant le rythme en frappant dans leurs paumes et en martelant le sol de leurs pieds, tout en jouant de l’épée et du bouclier. Cette danse est appelée la tarbala.

Trois types de danses, différentes les unes des autres et appelées le nemîm, la tarbala et le houssib se retrouvent aussi bien chez les ‘Ababdas que chez les Bichariyas, mais l’exécution diffère de façon notable d’une communauté à l’autre.

La danse collective de la tarbala peut durer un temps très long, si bien que les danseurs marquent des pauses pour écouter le soliste qui joue de la guitare, boire le café et converser à voix basse. Cette coupure est également mise à profit pour préparer l’épée et le bouclier qui serviront à l’exécution de la tarbala individuelle, occasion pour les danseurs émérites de faire l’étalage de leur adresse.

Il faut également souligner qu’au cours de la célébration du mariage, le marié est convié à participer au jeu et à exécuter la tarbala individuelle ; c’est le moment paroxystique de la soirée : l’enthousiasme, les youyous des femmes, le bruit des mains frappées l’une contre l’autre et des pieds martelant le sol sont alors à leur comble.

sameer jaber (Égypte)

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