Revue Spécialiséé Trimestrielle

LE MATERILE ET L’IMMATERIEL DANS LA CULTURE POPUAIRE

Issue 9
LE MATERILE ET L’IMMATERIEL DANS LA CULTURE POPUAIRE

On comprend alors que la part la plus importante de la culture populaire se fût perpétuée, sans qu’il y eût besoin de l’enregistrer ou de la consigner par écrit, à travers le recours au seul support de

importante de leur expérience professionnelle et de leurs savoirs complexes à leurs enfants et à leurs apprentis, à travers une progression concertée, répétant les leçons du « maître » ou du osta (patron, en turc), d’abord au niveau gestuel, ensuite au niveau de la parole. Une telle démarche, au plan de la transmission, constitue une actualisation fonctionnelle de l’oralité, laquelle représente un fonctionnement intellectuel global, lié, en premier lieu, au mode de pensée, de conception et de production.

l’oralité, avec ses mécanismes éprouvés. L’expression de « culture populaire » nous met à l’abri des confusions, ambiguïtés et autres incertitudes conceptuelles, liées à d’autres termes, en usage depuis des décennies, dans le domaine de la recherche sur ce type de culture, et dont les plus répandus sont, peut-être : « arts populaires » (au singulier et au pluriel), « patrimoine et/ou héritage populaire(s) », « folklore », voire « oeuvres populaires ». Outre le caractère restrictif de certaines de ces appellations et de la trop grande extension sémantiques de certaines autres – qui, en plus, auront intégré bien des données extérieures au domaine concerné –, leur utilisation dans un sens vague sinon leur déformation par les médias, durant plus d’un demi-siècle, en a en effet réduit la pertinence, tout en les banalisant et en leur faisant perdre toute précision conceptuelle.

L’adoption de l’expression « culture populaire » n’approfondit pas notre approche méthodologique des diverses données culturelles populaires, au seul plan de l’examen spécialisé, mais aussi, d’un côté, au plan de la créativité, du goût et de l’évaluation exacte, et d’un autre côté, au plan des politiques d’animation et d’organisation des manifestations culturelles. Ce qui ne témoigne pas seulement de l’ampleur et de la relativité du fait culturel mais aussi, et avant tout, de son caractère démocratique et de sa réceptivité, en tant qu’il accueille en totalité les oeuvres créées par le groupe, sans que soient pour autant négligées les disparités, car l’unité de la dynamique culturelle se fonde essentiellement sur la diversité.

Cela étant, il nous faut prendre en considération une autre raison qui est à la base de l’impulsion donnée par l’UNESCO, au cours des deux dernières décennies, au patrimoine qu’elle a appelé « intangible » ou « immatériel », impulsion qui n’a cessé de se renforcer, du fait du désir des décideurs dans les pays membres de cette organisation internationale d’instaurer un équilibre entre ce volet et celui qui n’a cessé, depuis la fin des années 50, de préoccuper les différents organes chargés dans ces pays membres de la sauvegarde et de la conservation des vestiges et monuments auxquelles est venue s’ajouter la prise en charge du « patrimoine civilisationnel et naturel ».

La claire perception de tout cet arrière-plan s’impose pour apprécier à leur juste valeur et même de comprendre de l’intérieur les réalisations accomplies, en la matière, par les pionniers, ainsi que l’ensemble des actions menées dans ce domaine par l’UNESCO. Car c’est cela qui nous permet de tirer le meilleur profit d’un si grand apport, aux plans épistémologique, scientifique et organisationnel, tout en nous prémunissant contre les dérives conceptuelles et méthodologiques où le travail sur les corpus pourrait nous entraîner.

La claire perception de tout cet arrière-plan s’impose pour apprécier à leur juste valeur et même de comprendre de l’intérieur les réalisations accomplies, en la matière, par les pionniers, ainsi que l’ensemble des actions menées dans ce domaine par l’UNESCO. Car c’est cela qui nous permet de tirer le meilleur profit d’un si grand apport, aux plans épistémologique, scientifique et organisationnel, tout en nous prémunissant contre les dérives conceptuelles et méthodologiques où le travail sur les corpus pourrait nous entraîner.

J’estime, à cet égard, que le premier pas consiste dans une appréhension fondée sur le concept global de culture populaire, en tant que celle-ci forme un tout dont les parties et sous parties doivent être classées de façon méthodique, de sorte que les opérations de collecte, d’archivage, d’étude, etc. pourront être rigoureusement organisées.

Abdelahamid HOUAS (Égypte)

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