Revue Spécialiséé Trimestrielle

LES JEUX POPULAIRES DANS LES OEUVRES D’AL JAHIZ

Issue 7
LES JEUX POPULAIRES DANS LES OEUVRES D’AL JAHIZ

L es Arabes ont connu et pratiqué, dans leurs heures de loisir, différents sports et jeux, depuis l’époque antéislamique. Mais, dès l’aube de l’Islam, tous ces jeux ont été codifiés, conformément aux enseignements de la foi, par les califes rachidites qui avaient compris que certains jeux pouvaient avoir un impact sur les pratiques cultuelles.

Le Saint Prophète, regardant des hommes venus du Soudan jouer au maniement de l’épée et du bouclier, leur dit en guise d’encouragement : « Allez, ô Bani Arfida ! » Il interpellait ainsi ses compagnons : « Détendez-vous et jouez ! Rien ne m’est plus détestable que de vous voir pratiquer votre religion avec rudesse.

» On rapporte que le compagnon du Prophète Abou Hourayra a joué avec un autre compagnon, derrière la mosquée, à un jeu appelé « le jeu des quatorze. » De même, Abou Rafâa a joué contre les petitsfils du Prophète, Hassan et Husseïn, aux madah’î qui sont des pierres aplaties de forme circulaire : on creuse un trou vers lequel on lance ces pierres, le vainqueur est celui qui en met le plus grand nombre dans le trou. Les Arabes ont connu, avant l’arrivée de l’Islam les jeux de balle ainsi qu’une certaine forme de golf où excellait le poète antéislamique Ouday ibn Zayd.

Ils ont, aux premiers temps de l’Islam, continué à jouer à la balle et au « golf » auxquels ils se consacraient pendant leurs heures de loisir. Les Omeyyades allaient, par contre, privilégier les sports équestres. Le calife Omar ibn Abdul Aziz (717-720) s’intéressait aux courses de chevaux qui allaient devenir la grande passion du calife Hicham ibn Abdul Malek (724-743). Ce calife édifiera une immense arène où près de quatre mille chevaux pourront être rassemblés. Les conquêtes islamiques vont introduire les sports équestres dans des régions tels que le Pakistan, l’Inde ou la Chine. Dans ce dernier pays, les ânes, plus adaptés à la petite taille des populations locales, ne vont pas tarder à supplanter les chevaux.

Les jeux de balle et le « golf » ont acquis une grande popularité, sous les califes abbassides, dans les deux capitales de l ’ e m p i r e , Bagdad et Samarra. Le grand calife Haroun Ar Rachid est considéré comme le premier monarque à avoir joué au « golf » sur le terrain. Ce calife a édifié des parcours privés dans la capitale du califat islamique, Bagdad – Dar es-salam (la maison de la paix) – ainsi que dans la ville d’Al Raqqa, en Syrie.

Le calife Mohamed Al Mouâtassim Billah ibn Haroun Ar Rachid, fondateur de la ville de Sourra Man Raa (Samarra, aujourd’hui), sise au nord de Bagdad, a excellé à ce jeu. Il était doté d’une puissance physique hors du commun ; Ibn Al kazrouni le décrivait en ces termes : « Il n’y avait pas parmi les Abbassides homme plus courageux, plus vaillant et plus clairvoyant à la guerre ; ayant un jour saisi le bras d’un homme entre l’index et le médium il le brisa net ; il était capable de tordre entre ses mains une barre de métal jusqu’à en faire un collier ou de presser la pièce d’un dinar entre ses deux doigts jusqu’à en effacer toute trace d’écriture. »

L’encyclopédiste Abou Othman Amru Ibn Bahr Al Jahîz Al Basri (mort en 255 de l’hégire), qui a vécu en Irak, au temps du califat abbasside, a laissé une oeuvre considérable traitant de diverses questions relatives à la littérature, à la pensée, aux arts ou à la culture populaire à laquelle il a consacré, dans des livres tels que Le Livre de l’animal, Al bayan wat-tabyin (De la rhétorique) ainsi que dans ses fameuses Epîtres (Attarbî’ wat-tadwir – Du carré et du cercle – ou L’epître sur les aveugles…), de longs développements, disséminés, ici et là, dans cette oeuvre immense.

Mohamed Rajab Samerrayi - IRAK

Toute Issues