Revue Spécialiséé Trimestrielle

HERITAGE POPULAIRE ET ECONOMIE DE LA CULTURE L’EXEMPLE DE LA LISTE DES BIENS APPORTES PAR LA MARIEE

Issue 7
HERITAGE POPULAIRE ET ECONOMIE DE LA CULTURE L’EXEMPLE DE LA LISTE DES BIENS APPORTES PAR LA MARIEE

L ’auteur souligne que cette liste comprend le trousseau de la nouvelle mariée et tout autre bien mobilier transféré de la maison paternelle de la mariée au domicile conjugal. L’époux en accuse réception en y apposant sa signature, et cette liste est dès lors considérée comme une amana (dépôt) dont il a la garde et qu’il doit restituer lorsqu’il lui est demandé de le faire. Il existe en outre une liste virtuelle qui représente le modèle défini par le groupe en ce qui concerne le trousseau de la mariée et où l’on trouve ce qui est supposé avoir été transféré et qui ne l’aura pas été nécessairement. L’époux accuse également réception de cette liste en la signant, pour se conformer aux normes du groupe et témoigner de sa bonne foi. Entre la liste effective et celle virtuelle il existe un grand nombre de modèles inventés par le groupe pour combler les brèches laissées par le droit positif.

L’auteur se demande si la liste des biens transférés au domicile conjugal constitue un moyen de protection et une « garantie » des droits matériels de la femme, ainsi que de la société égyptienne, soulignant à l’intrication dans ce système des fonctions sociales, économiques et psychologiques mais aussi l’existence de fonctions potentielles qui y sont liées. L’analyse des listes montre que les diverses formes de contrôle officiel n’ont pas réussi à vider cette institution sociale de sa substance ni même d’en limiter l’extension. Ainsi la qaïma apparaît comme un instrument « doté d’un pouvoir » et fonctionnant comme un mécanisme d’action économique, en apparence primitif mais efficace dans le cadre pour lequel il a été créé.

L’auteur s’emploie à analyser les listes qu’elle a pu recueillir, à la lumière d’un ensemble de paramètres dont elle a estimé, dans son hypothèse de départ, qu’ils ont une influence sur l’efficacité et l’étendue de cette pratique, au sein de la société égyptienne. Elle a confronté la qaïma au paramètre du lieu en examinant les différences entre les divers milieux sociaux, en ce qui concerne leur adhésion aux données culturelles. Elle a également étudié nombre d’autres paramètres, comme la religion, l’instruction, l’appartenance de classe, etc.

de biens transférés au domicile conjugal, recueillies dans plusieurs provinces de l’Egypte et représentant différents milieux et environnements culturels, de dégager un ensemble de résultats dont on peut déduire que cette réalité culturelle, transmise de génération en génération, continue à résister aux changements sociaux et à se maintenir avec force, en tant que mécanisme de défense remplissant efficacement son rôle, à l’intérieur de la société égyptienne.

Il se peut, toutefois, que cette pratique se soit, ici ou là, conformée à certains changements, mais il reste que les pratiques, à ce niveau, n’ont guère évolué quant à la fin et aux moyens. L’auteur expose à la suite de son analyse les raisons qui expliquent, selon elle, la pérennité, voire l’extension du phénomène de la qaïmah, avant de s’arrêter sur les changements que connaît cette pratique sociale.

Nahla Abdallah Imam - EGYPTE

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