LA CULTURE MATÉRIELLE DU MÉTIER DE FILAGE ET TISSAGE DE LA LAINE DE MOUTON DANS LA RÉGION DE HERIRAB AU NORD D’AL MATMA Étude ethnographique
Issue 65
Nuha Abdelhafez Abdelaziz . Soudan
Nada Babekr Mohamed . Soudan
L’artisanat constitue un héritage populaire transmis de génération en génération et porteur d’un riche savoir-faire autant que de sagesse ancestrale. Il se trouve pourtant que de nombreux métiers sont confrontés à des défis, tels que les changements culturels ou la menace de disparition, en raison des évolutions rapides que connaît la société soudanaise à l’instar des autres sociétés traditionnelles. On comprend qu’il soit si important d’étudier et de documenter ce patrimoine qui témoigne de bien des aspects de la culture et de la civilisation soudanaises. De même est-il nécessaire de connaître les dimensions économique, sociale, culturelle et historique de ces pratiques artisanales et de documenter les valeurs et les symboles qu’elles recèlent.
L’étude porte sur le filage et le tissage de la laine de mouton et vise à faire l’état des lieux en ce qui concerne ces activités en se penchant sur les outils et les matières premières utilisés par les artisans ainsi que sur les méthodes de fabrication en usage. La recherche se fonde sur l’enquête ethnographique sur le terrain à travers une collecte et un collationnement des données visant à mettre en lumière les multiples réalités de cet artisanat.
Le présent travail a abouti à différents résultats, notamment en ce qui concerne le rapide déclin de ce métier qui est lié au peu d’empressement des jeunes à l’apprendre et en assurer la transmission. À quoi s’ajoutent les changements que le marché local a connus avec l’irruption de produits industriels provenant d’autres matériaux venus prendre la place des tissages et autres productions à base de laine. Filage et tissage ont à cet égard cessé de constituer l’une des formes d’artisanat féminin susceptible de procurer aux familles une source de revenu supplémentaire. Ce métier se rattachait en effet aux sociétés d’éleveurs d’ovins qui fournissaient les artisans en laine brute, même si les produits que l’on fabriquait avec ce matériau étaient commercialisés dans ces sociétés elles-mêmes autant que dans bien d’autres.
L’étude débouche sur plusieurs recommandations portant, notamment, sur la nécessité de documenter les métiers traditionnels, de peur qu’elles ne tombent dans l’oubli et sur le fait que les études ethnographiques et folkloriques représentent un vrai trésor pour les archéologues et les historiens pour tout ce qui concerne le développement et la pérennité de la culture soudanaise. L’auteur insiste en particulier sur le travail à entreprendre pour promouvoir les études et recherches dans ce domaine.