LES MUSICIENS TSIGANES ET LEUR RAPPORT AUX INSTRUMENTS MUSICAUX
Issue 65
Mohammed Omran. Égypte
Les tsiganes occupent une place importante dans l’usage des instruments de musique, et cela à deux niveaux.
Premièrement : le musicien tsigane se familiarise dès son plus jeune âge avec les instruments, accessoires et autres équipements en rapport avec l’art musical. Tôt dans la vie, il les voit entre les mains de son père, de son oncle ou de quelque autre membre du clan familial, et les premières leçons qu’il reçoit sur le fonctionnement de tel ou tel instrument résultent de l’éducation musicale procurée par les siens et du rapport direct à cette sphère du savoir artistique que lui fournit l’environnement familial. Les acquis se développent jusqu’au passage au professionnalisme, lorsqu’il a finalisé l’assimilation des règles mais aussi des traditions de la pratique instrumentale qui ont cours parmi les siens. C’est à travers ce cheminement que s’est affirmée sur la durée l’excellence du musicien tsigane professionnel.
En deuxième lieu, le musicien est toujours conscient des spécificités des formes musicales qu’il doit constamment respecter lors de l’exécution de telle ou telle partition sur l’instrument qui est le sien. En outre, il lui incombe de de faire montre d’un niveau de performance propre à lui permettre autant que possible de rester attentif aux détails et aux nuances les plus ténues qui confèrent toute leur vigueur aux thèmes propres à la musique tsigane.
Les musiciens tsiganes se caractérisent par leur capacité à utiliser toute la gamme d’instruments en usage dans la culture musicale populaire égyptienne, notamment la rababa, le mizmar, le tambourin, la sulamiya, la darbouka et autres. Il n’est pas de forme de virtuosité sur de tels instruments où les musiciens tsiganes n’aient joué un rôle d’avant-garde, qu’il s’agisse de leur utilisation ou de leur popularisation, et n’aient affirmé leur prééminence sur leurs pairs non tsiganes dans ce domaine. Il n’en demeure pas moins que les musiciens tsiganes ont su entretenir des liens étroits avec des instruments particuliers qui ont été intégrés à la structure de leurs créations et sont rarement utilisés en-dehors des formes mélodiques propres à la musique tsigane. L’auteur cite, ici, la rababa, le mizmar et le tambourin tsigane.