Revue Spécialiséé Trimestrielle

LES FORMES RHÉTORIQUES LIÉES AUX PERLES ET COQUILLAGES DANS LA POÉSIE

Issue 62
LES FORMES RHÉTORIQUES LIÉES AUX PERLES ET COQUILLAGES DANS LA POÉSIE

Dr Ahmed Tammem Suleiman. Égypte

Diverses sont les pierres précieuses et nombreuses en sont les formes et les couleurs. Elles se répartissent entre pierres extraites des profondeurs de la terre et autres sorties du fond de la mer. Elles ont toujours ébloui les regards et obsédé les esprits par leur beauté et leur rareté. Les plus précieuses sont les perles qui se cachent à l’intérieur de leurs coquilles nacrées. La perle et la coquille ont pour équivalents l’œil et la paupière. Les hommes éprouvent une telle passion pour les pierres précieuses qu’ils ont donné leurs noms à leurs enfants et les ont choisis pour titres à leurs ouvrages. 

L’auteur a suivi dans cette étude la méthode descriptive-analytique pour mettre en lumière le recours par les poètes aux images de perles dans les replis de leurs poèmes. Il s’est par ailleurs appuyé sur la méthode historique pour préciser certains points, notamment en ce qui concerne l’assemblage des coquillages ou la pêche perlière, de manière à mettre en évidence le processus de transmission qui garantit la pérennité de ces activités. Dans le même ordre d’idées, l’auteur a mis l’accent sur la poésie ancienne pour montrer le caractère pérenne de cette inspiration. La célébration de la beauté des perles, en tant que pierres précieuses a fait qu’elles figurent même sur les billets de banque et les timbres postaux. Leurs caractéristiques incomparables ont rattaché ces pierres au sacré, à la sorcellerie et à la médecine. Mythes et récits ont été tissés autour d’elles et les symboles les plus contradictoires en ont accompagné les manifestations chez les différents peuples. Le Saint Coran n’a pas manqué d’y faire référence en plus d’un endroit, et les poètes en ont tiré des symboles comme on le voit dans la poésie soufie. Perles sont les dents éblouissantes que découvre un sourire, comme est perle la larme qui coule. Il est en outre courant que le poète cite les perles dans la thématique du ghazel (poésie amoureuse), de l’apologie ou de la description, en particulier la description de la nature.

L’auteur a essayé de mettre en évidence l’esthétique des perles et des coquillages, qu’il s’agisse de leurs beautés réelles, en passant en revue les données scientifiques qui y sont liées, ou des belles métaphores qu’elles induisent, en convoquant diverses expressions poétiques. Parmi les données objectives, l’auteur cite les postulats qui permettent d’aller à la découverte de l’inconnu. Les données consistent en un ensemble de circonstances influant sur les événements et les idées considérés comme points de départ. Partant des données scientifiques relatives aux pierres précieuses, en général, aux perles et coquillages, en particulier, l’auteur a enquêté sur l’usage qu’en ont fait dans leurs vers les poètes, anciens aussi bien que modernes, en analysant divers thèmes et contextes pour mettre en évidence les emplois rhétoriques, notamment dans les comparaisons.

Cette étude est précédée d’une brève introduction sur la science des coquillages et sur la pêche perlière dans toute sa dimension culturelle, le chant du fajrî (chant de l’aube) étant l’un des arts liés à ce type d’activité. L’auteur évoque également la présence des perles et des coquillages sur le papier monnaie et sur les timbres postaux en tant qu’ils sont des symboles de beauté et de rareté. L’étude s’arrête également sur la symbolique contraire de la perle et souligne son rapport au sacré et aux légendes, les références qu’y fait le Saint Coran et l’inspiration qu’y ont puisé les poètes, notamment dans des expressions aussi fréquentes que lou’lou’ maknoun (perles profondément enfouies) ou lou’lou’ menchour (perles éparses). L’étude s’arrête, en outre, sur les expressions rhétoriques fondées sur les perles dans la poésie du ghazel (célébration amoureuse), la poésie apologétique et la peinture de la nature. Il souligne notamment l’équivalence objective établie entre les dents et les « perles du sourire » (ou « le sourire perlier »), ainsi que celle qui conjoint larme et pierre précieuse. Il s’arrête également sur le lien linguistique indissoluble établi par les poètes entre la coquille et la perle, tout en mettant en exergue la référence cachée aux perles dans les noms de personnes et les titres d’ouvrages. 

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