Revue Spécialiséé Trimestrielle

LE BIKHMAR DE LA MARIÉE DE OUEDI RIGH ENTRE CROYANCES ET PRATIQUES

Issue 61
LE BIKHMAR DE LA MARIÉE DE OUEDI RIGH ENTRE CROYANCES ET PRATIQUES

Dr Fatima Bouacha

Université de Tlemcen. Algérie 

Le patrimoine populaire tient une place importante dans les sociétés humaines restées attachées à leurs racines authentiques transmises de génération en génération. Il est partie intégrante de la culture de tout peuple par-delà la diversité des identités et des appartenances. C’est à travers lui que s’expriment le passé et le présent de ce peuple autant que se définit l’image de son devenir. Et c’est à ce niveau que se manifestent les marques identitaires qui distinguent une nation d’une autre, un peuple d’un autre et un groupe d’un autre. 

La société saharienne œuvre à la conservation de son être en restant attachée à un ensemble de comportements qui sont l’expression de sa culture et de son authenticité et qui permettent de la distinguer de toute autre société. Ces comportements sont généralement appelés les us et coutumes et constituent l’une des composantes de l’identité culturelle et du patrimoine populaire.

Les habits traditionnels à travers leur diversité régionale diffèrent d’un pays à un autre et d’une zone géographique à une autre. Le vêtement, l’habit d’apparat ou l’habit traditionnel sont autant de reflets de la culture et de l’identité d’une société. Les linguistes ne disent-ils pas que « les habits sont l’identité distinctive d’un peuple » ?

L’auteur essaie à travers cette étude de faire connaître cet héritage culturel spécifique à la mariée de la région de Ouedi Righ que représente l’habit appelé bikhmar, lequel constitue dans l’imaginaire populaire une coutume dont la mariée ne saurait se départir au jour de ses noces. À cet habit s’ajoutent des rites et des croyances qui accompagnent les préparatifs du mariage. Le bikhmar est à ce niveau considéré comme un élément sacré de la noce qu’il convient de conserver. 

Au terme de cette étude consacrée à cette tenue que porte la mariée dans la région de Ouedi Righ et à la problématique des croyances et des pratiques, l’auteur met l’accent sur le rôle axial des deux dimensions sociale et culturelle ainsi que sur les rites liés à l’ensemble des préparatifs de mariage qui vont jusqu’à la nuit de noce proprement dite (dakhla). L’essentiel des analyses qui sont fondées sur des exemples puisés dans les réalités de la région ainsi que sur le témoignage de femmes ayant connu de près ces rites fait apparaître que, pour tout ce qui concerne la femme, la société accorde la plus haute importance à la dimension physique dans la perception de la mariée que l’on apprête en vue des épousailles et de la reproduction. Ces analyses soulignent clairement le profond enracinement de ces rites et coutumes dans la mentalité du groupe et dans le fondement même de sa culture qui matérialise un aspect de l’imaginaire masculin à travers lequel se définit le statut de la femme au sein de cette société. La femme est à cet égard appréhendée non pas seulement comme un être assumant le rôle social et familial qui est le sien dans cette partie du pays, mais aussi comme une source de jouissance charnelle propre à combler les appétits et l’amour-propre de l’homme autant qu’une reproductrice en charge de perpétuer la société de la région de Ouedi Righ dans le Sahara algérien.

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