Revue Spécialiséé Trimestrielle

LES ORGANISATIONS DU PATRIMOINE CULTUREL ET L’ART DU POSSIBLE

Issue 58
LES ORGANISATIONS DU PATRIMOINE CULTUREL ET L’ART DU POSSIBLE

Face aux mutations globales et rapides que connaît la vie actuelle dans tous ses aspects ; face aux guerres, maladies, actions terroristes et autres fléaux dont souffre notre monde ; face à l’emprise sur nos vies de toutes ces technologies qui affectent le comportement des hommes au quotidien ; face à cet ensemble de défis qui exigent la plus grande attention aux impacts qu’ils peuvent avoir sur l’esprit, la sensibilité et l’évolution morale des êtres, de génération en génération et dans chaque région de la planète ; compte-tenu de la Convention sur la préservation du patrimoine culturel immatériel adoptée par l’UNESCO, en 2003, et mise en application à compter du 20 avril 2006 dans le but de protéger et de renforcer le patrimoine culturel immatériel et de promouvoir les recherches et les études visant à collationner et à documenter l’ensemble des images et autres formes culturelles traditionnelles, tels que le chant, la musique, le théâtre, les mythes et légendes, les danses traditionnelles, ainsi que les us et coutumes, les croyances, les traditions propres à chaque région aussi bien que les techniques ancestrales en rapport avec les différents métiers et industries populaires ; face donc à toutes ces évolutions, cinq grandes organisations internationales se sont concertées pour mener une action commune, sur la base d’un engagement mondial, aux fins de réaffirmer avec force la nécessité de faire connaître, de revivifier et de sauvegarder le patrimoine culturel de sorte à le transmettre aux générations futures sous la forme d’un héritage culturel riche en ressources matérielles et immatérielles   mais aussi en tant qu’il est un élément constitutif essentiel de l’identité de chaque peuple et l’un des moyens de rapprochement, de compréhension et de communication entre les hommes. 

La Fédération italienne de la culture populaire (FITP) a invité ces organisations à tenir des sessions intensives dans la ville de Bari, au sud de l’Italie, au cours de la période allant du 13 au 16 mai 2022, avec la participation des délégations représentant les cinq grandes Organisations mondiales œuvrant dans le domaine du patrimoine culturel populaire et opérant en tant qu’Organisations non-gouvernementales sous l’égide de l’UNESCO ; 

ces Organisations sont :

  • La Fédération italienne de la culture populaire (FITP)
  • L’Union mondiale du Folklore / WORLD FOLKORE UNION (IGF)
  • L’Organisation Internationale de l’Art populaire (IOV)
  • La Ligue mondiale des Arts du théâtre (WAPA)
  • La Fédération des Festivals internationaux de Danse populaire (FIDAF)

Chacune de ces institutions compte des centaines de membres aux multiples talents artistiques et compétences scientifiques, outre de nombreuses troupes spécialisées dans les arts populaires les plus variés, troupes qui se sont fait connaître sur des années par l’organisation de programmes et de festivals de grande réputation, mais aussi par la tenue d’un grand nombre de conférences et forums qui leur ont acquis la célébrité à travers le monde. 

L’Organisation Internationale de l’Art populaire (IOV) a participé avec une délégation représentant le Bureau présidentiel du Royaume de Bahreïn où se sont joints à moi l’avocate Docteur Hennadi Isa Al Jouder et la Professeur Asrar Hassan Mohammed. Les débats qui furent d’une grande intensité se sont déroulés sur trois jours et ont permis de mettre l’accent en premier lieu sur la nécessité de créer des moyens et des instruments efficaces en vue de sensibiliser les générations futures à l’importance d’une pluralité culturelle propre à encourager tous les hommes à participer, à échanger leurs savoirs et à mutualiser leurs connaissances relatives aux traditions et acquis propres à chaque culture. Une telle pluralité est d’autant plus cruciale que le monde sort à peine de la grave crise économique et sociale liée à la pandémie du Corona ; elle pourrait aujourd’hui jeter les bases d’une résistance humaine collective, confirmant l’importance de cette mise en commun des savoirs.

Les participants se sont longuement penchés sur la nécessité de réaffirmer l’engagement commun à faire connaître, à préserver, à revivifier et à transmettre le patrimoine culturel aux générations futures, en tant qu’il constitue un héritage culturel riche en ressources matérielles et immatérielles et propre à représenter un legs humain qui serait pour les générations successives une source d’inspiration. Ont été discutées dans ce cadre de nombreuses idées et propositions susceptibles d’ouvrir la voie à des programmes de coopération en vue de la réalisation et de la perpétuation de l’engagement commun. 

Les participants ont accordé une grande importance au débat constructif portant sur la promotion du dialogue entre les cultures et du rapprochement entre les peuples, à travers l’encouragement des troupes nationales populaires à œuvrer au service de l’entente et de la compréhension entre les nations et à susciter des dialogues, des amitiés personnelles et une coopération à caractère collectif. Les participants ont également discuté de la nécessité de faire revivre certains arts scéniques menacés de disparition, des moyens à mettre en œuvre à cet effet et de l’adéquation de ces moyens à un tel projet. Ils ont en outre mis l’accent sur les recherches et les études qu’exigent les questions non consensuelles qui surgissent habituellement, notamment celles relatives à la réévaluation de certains aspects du patrimoine, à ces domaines du patrimoine ancestral qui sont susceptibles d’être intégrés au mouvement des sociétés contemporaines et à cette part de la culture populaire à inclure dans les programmes récents d’éducation afin de créer un rapport qualitatif précoce entre le jeune apprenant et cette culture.

A été réaffirmé avec force l’engagement à coopérer et à développer sur la plus large échelle le dialogue entre les cultures et l’échange des savoirs afin de renforcer les liens d’amitié et de compréhension au moyen des échanges de visites et de l’organisation de façon périodique et régulière de festivals, de rencontres artistiques, de conférences intellectuelles et de colloques spécialisés afin de faire le point sur les avancées dans le domaine des arts scéniques et sur la situation de la culture populaire, mais aussi de soutenir et de renforcer les efforts des pays pauvres en matière de préservation de leur patrimoine populaire et de mettre en garde certains pays contre les risques de voir se perdre sans retour par insouciance ou négligence des pans entiers de leur héritage.

Au terme de cette rencontre, le texte de la Convention* a été élaboré sur la base des conclusions des travaux ; il a été contresigné par les Présidents des cinq Organisations. 

La rencontre s’est déroulée dans un climat d’amitié, d’entente et de compréhension. 

Que Dieu vienne en aide à ces institutions dans l’accomplissement de leur mission dans un monde en perpétuelle mutation, un monde qui ne cesse de se compliquer et d’être menacé par l’oubli.

Ali Abdalla Khalifa

Président de la rédaction

 - Le texte en langue anglaise de la Convention figure dans les synthèses du présent numéro. 

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