LES SIGNIFICATIONS SOCIALES DE LA SYMBOLIQUE DES COULEURS DANS LE DISCOURS SOCIAL

 

Dr. Rahîl al Arifi

 

La couleur a une grande influence sur la vie des hommes. Chaque couleur se rattache à de concepts précis et renvoie à des strates de significations qui se sont enrichies à travers le temps. L’homme a en effet découvert depuis les âges les plus reculés l’impact des couleurs sur son psychisme. Les êtres évoluent dans un environnement où leurs regards sont attirés par la couleur des arbres et des fruits, par le bleu du ciel ou la lumière du soleil qui baigne le monde autour d’eux. Ils regardent avec étonnement ce monde de couleurs que leur offre la nature et qu’ils vont se représenter selon les lois de l’analogie et de la concordance, conférant dès lors à ces couleurs une symbolique qui renvoie à diverses strates de signification.

C’est ainsi que la couleur a acquis une symbolique visuelle indépendante qui va très souvent de pair avec la signification de la forme. Le sens symbolique de la couleur se rattache en effet au contexte social qui interagit par la signification à la symbolique des couleurs. La structure signifiante d’une telle symbolique est une construction cumulative fondée sur la congruence des idées chez le récepteur. Elle constitue le niveau de signifiance que détermine la langue lorsqu’elle impose le sens littéral (ou l’acceptabilité de sens). On peut également parler de la connotation, c’est-à-dire de la signification immédiate de la symbolique des couleurs qui en détermine l’effet, à travers ce qui unit le symbole à l’universalité ou à ce qui relève du psychisme, de l’intériorité, et se trouve soumis aux limites qui séparent le désir de la culture. Cet aspect ne peut en tout état de cause être mis en évidence en dehors de l’analyse psychologique. De même, la signification symbolique, replacée dans son contexte général, se compose-t-elle d’un sens premier et d’un sens second qui est la signification produite par l’interaction des idées chez les récepteurs du symbole formel.

La culture matérielle représente l’un des mécanismes vivants des discours visuels symboliques. Elle constitue en effet, au sein du discours social, la source la plus importante et la plus concrète qui permet de comprendre les rites et autres manifestations festives, et tire toute sa force du processus d’interprétation et de classement d’un rite ou d’une célébration donnée.

La chercheur(e) aboutit à la conclusion que la couleur est en soi un outil renvoyant par le symbole à des croyances et à des concepts sociaux. Elle souligne notamment le fait que la couleur est un attribut de la lumière dont la perception disparaît en l’absence de l’ombre. La couleur possède la qualité du symbole lui-même et des significations qu’il revêt chez les différents peuples du passé. Elle est conforme au symbole autant qu’elle est porteuse d’un langage symbolique universel commun à tous et étroitement lié à l’espace discursif des sociétés. La majorité des pratiques rituelles qui tournant à l’intérieur du système du discours social reposent sur une symbolique complexe de la couleur et de la forme. Même si la couleur est parfois dotée d’une symbolique qui ne se rattache pas à la forme, cette symbolique elle-même consacre et renforce des significations relevant la plupart du temps de la suggestion. Il en découle que la symbolique, qu’elle tienne à la forme ou à la nature de l’objet, agit comme si elle était un signal caché renvoyant discrètement à un sens particulier. Ce processus se déroule de façon inconsciente, mais c’est l’espace discursif du système des couleurs qui vient renforcer le sens produit, s’ajoutant aux signaux d’alerte pour faire barrage au mal ou renforcer l’instinct de conservation et l’espoir de voir se réaliser des aspirations surnaturelles. Tout se passe alors comme si la couleur était une exhortation à ces aspirations afin qu’elles se réalisent et deviennent autant d’acquis au sein de l’espace social.