Revue Spécialiséé Trimestrielle

LE RÔLE DE LA FEMME DANS LE CONTE POPULAIRE ALGÉRIEN

Issue 46
LE RÔLE DE LA FEMME DANS LE CONTE POPULAIRE ALGÉRIEN

Abdelhamid Bourayou

Cette étude part de l’analyse d’un recueil de contes portant sur la femme et racontés par les femmes elles-mêmes, chez elles et dans un cadre spatio-temporel bien déterminé. Nous trouvons trois types de contes dans ce recueil :

A – le conte merveilleux où la femme est à la fois l’héroïne et la victime ;

B – le conte merveilleux où la femme est l’agresseur ou relève de l’univers des fauves et des prédateurs ;

C – le conte tiré de la réalité sociale (qui est l’une des formes du conte populaire, au sens strict du terme) où l’on voit l’héroïne transgresser le système social en vigueur (le patriarcat) et jouer le rôle de l’agresseur ou de l’opposant.

  • Premier type :

Il s’inscrit, au regard du classement universel des contes populaires, dans la catégorie des contes merveilleux proprement dits, deuxième catégorie dans le classement opéré par le célèbre folkloriste russe Vladimir Propp.

2.1. Deuxième type :

Il s’agit, ici aussi, de contes merveilleux où le rôle du héros est assumé par un jeune plein de perspicacité ; celui-ci se trouve, au début du récit, proche de sa sœur ou de sa mère, mais il découvre, au gré des événements et des retournements de situation, comment la femme (sœur ou mère) passe de la fonction d’adjuvant (soutien au héros) à celle d’opposant (agresseur). Nous sommes dans ce type de récit en face d’une femme qui paraît, au départ, victime d’une situation évoquée dans les premières séquences du conte, mais qui devient un personnage hostile mettant l’existence du héros au danger, dans les dernières séquences de la narration.

3.1. Troisième type :

Il s’agit de contes qui peignent la réalité sociale et psychologique. Ces contes suivent un schéma narratif différent de celui proposé par Vladimir Propp. Si l’on voulait les analyser conformément à cette grille de lecture, on constaterait qu’elles se ramènent à un nombre très réduit de fonctions, que le merveilleux – qui abonde dans le deuxième type de conte – en est quasiment absent, et que l’héroïsme s’y fonde sur les seules capacités humaines, sans recours aux « autres » puissances – celles de « l’autre » monde. Quant à ce monde « autre » (ce monde inconnu, métaphysique), il a totalement disparu de la scène du récit, faisant place à l’affrontement entre les seules forces humaines ou, pour être plus précis, entre « masculin » et « féminin ».

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