Revue Spécialiséé Trimestrielle

COMPETENCES ET SAVOIRS DU MENUISIER TRADITIONNEL DANS LA FABRICATION DES ANCIENNES PORTES DANS LA REGION DE NEFZAOUA

Issue 43
COMPETENCES ET SAVOIRS DU MENUISIER TRADITIONNEL DANS LA FABRICATION DES ANCIENNES PORTES  DANS LA REGION DE NEFZAOUA

Mohamed Jaziraoui

 

La région de Nefzaoua se trouve dans le sud-ouest de la Tunisie. Elle est connue aujourd’hui, sur le plan administratif, sous le nom de Gouvernorat de Kébili. Elle se divise en deux parties : le nord où sont disséminées les palmeraies qui ont pu se développer grâce aux sources nombreuses et abondantes qui ont amené les hommes à s’établir dans cette région depuis les temps les plus reculés, comme l’atteste la présence, autour de la source d’Ain Bremba, du plus ancien vestige du pays. Quant à la partie sud des Nefzaoua, elle est couverte de dunes de sable qui s’étendent, vers le sud, jusqu’aux confins de Ghadamès, et, vers l’ouest, jusqu’à Oued Souf, un vaste espace où se déplaçaient des tribus d’origine arabe et d’autres d’origine berbère qui vivaient de l’élevage des moutons.

Les modes de vie qui différent d’une partie à l’autre de cette région ont influé sur la nature des activités artisanales qui prédominent dans chacune. Si les métiers du bâtiment jouent, par exemple, un rôle central au nord, le sud a vu se développer le tissage et la fabrication des ustensiles en cuir. L’isolement géographique de la région a contribué à la pérennité des techniques artisanales, chose que l’on peut également noter dans les zones montagneuses ou désertiques des autres régions du Maghreb, voire dans des pays bien plus développés où l’artisanat a mieux résisté dans les zones rurales que dans les villes et les villages.

La présente étude porte sur les portes anciennes du nord des Nefzaoua qui remontent à la période allant des dernières années du XIXe siècle au début du XXe. Elle est en fait l’aboutissement d’un travail sur le terrain qui s’est poursuivi de l’été 2006 au commencement de l’année 2011. Deux éléments ont servi de fils conducteurs à cette recherche. Le premier consiste en la description ethnographique des portes traditionnelles de la région : éléments constitutifs, différentes catégories de portes, etc., sans oublier les techniques de fabrication et le rôle de l’artisan. La deuxième partie est axée sur les compétences, les savoirs et l’évolution des techniques en fonction de l’expérience et de l’adresse du menuisier.

La Convention sur la préservation du patrimoine immatériel (2003) a mis l’accent sur le savoir-faire et les connaissances liées aux arts et techniques artisanales plus que sur les produits en tant que tels. La notion de « patrimoine culturel immatériel » désigne en effet les pratiques, les visions, les formes d’expression, les savoirs, les compétences ainsi que les instruments, les artefacts et les lieux culturels que les groupes, les communautés et, parfois, les individus considèrent comme partie de leur patrimoine culturel.

Toute Issues