LES ETAPES DE LA GROSSESSE ET DE L’ACCOUCHEMENT, AU ROYAUME DU BAHREIN, DANS LES TEMPS ANCIENS
Issue 4
L es étapes de la grossesse sont étudiées, à partir de l’apparition des premiers signes jusqu’aux visites à la kabîla (sagefemme) qui jouait, à cette époque, le rôle d’obstétricien. Celle-ci examine la future mère en se fondant sur son expérience et les connaissances qu’elle a acquises dans ce domaine. Dès qu’elle s’est assurée que la femme est enceinte, la kabîla commence à lui prodiguer ses conseils, surtout s’il s’agit du premier enfant, en insistant sur la nécessité pour la future maman de se préserver pour protéger sa propre santé et celle de l’enfant.
ensuite sur les manifestations physiques de la grossesse, en commençant par les « envies » liées à l’état de grossesse, lesquelles apparaissent quarante jours après l’arrêt des règles.
Les croyances populaires font que les membres de la famille ont, au cours de la période de grossesse, obligation de satisfaire aux demandes de la femme enceinte, en particulier lorsqu’il s’agit, pendant les quatre premiers mois qui sont considérés comme essentiels à la formation du foetus, de ses plats et boissons préférés. Les coutumes autant que la sollicitude sociale voulaient aussi que la grossesse ne fût annoncée qu’au terme du quatrième mois, par peur des envieux, mais aussi pour que l’événement soit confirmé avec certitude. L’étude passe ensuite à la phase de l’accouchement dont les kabîlas bahreïnies ont la charge. En ces temps lointains, la femme accouchait en position assise (et non pas en étant étendue sur le sol), on la plaçait sur une grande marmite inversée ou sur un sac de cendre et l’on étendait, en bas, une pièce de tissu ou de jute pour y recevoir le nouveau-né. L’accouchée se cramponne à la kabîla, lorsque se
présentent les douleurs de l’enfantement, pour s’aider à pousser l’enfant ; trois ou quatre femmes de la famille la plus proche tiennent, à cette même fin, l’accouchée. Après la sortie de l’enfant, vient l’étape de l’expulsion du placenta. Certaines parentes introduisent dans la bouche de la femme ses propres cheveux pour provoquer des vomissements, censés aider à cette expulsion. La kabîla exerce, de son côté et dans le même but, des pressions sur le ventre de l’accouchée. Lorsque le placenta a été totalement dégagé, le cordon ombilical est coupé, après avoir été noué sur une distance de trois doigts du nombril. Le nouveau-né est alors lavé et baigné dans une eau qui est tiède, en hiver, et fraîche, en été ; on passe alors du khôl sur ses paupières et ses sourcils.
Parmi les anciennes croyances, l’étude relève celle qui voulait que toute visite à l’accouchée fût interdite, pendant les quarante premiers jours qui sont considérés comme une période d’affaiblissement physique et moral, à toute personne revenant d’un enterrement, d’un voyage ou d’une longue marche à pied, car cette personne, se trouvant ellemême épuisée, risque de transmettre sa propre fatigue à l’enfant et à la mère. La même interdiction est étendue à la femme portant des traces de henné sur les mains. Il convient aussi d’observer la plus grande prudence, pendant ces quarante premiers jours, lorsqu’il s’agit de rapporter de mauvaises nouvelles, surtout les maladies, les décès ou les accidents. Au cours de la même période, l’accouchée s’abstient de prendre la moindre nourriture ou d’allaiter son enfant devant les autres ; elle ne doit en aucun sortir de sa maison, ni laisser son enfant seul dans la chambre, surtout à l’heure du crépuscule, crainte que les démons ne viennent à le permuter avec un autre. Une ancienne croyance veut aussi qu’un enfant qui vient au monde dans une famille où, par la suite, les nouveaux-nés n’arrivent pas à survivre, soit affligé, au sommet du crâne, d’un cheveu dressé qui est la cause de la mort prématurée de ceux qui naissent après lui ; on conseille alors de cautériser une partie de la tête de l’enfant pour faire disparaître ce cheveu.
L’auteur aborde également le régime alimentaire de l’enfant, pendant les quatre premiers mois, elle évoque ses vêtements et ses autres affaires, les honoraires de la kabîla, les cadeaux qui sont offerts au nouveau-né, l’appel à la prière qui est entonné dans son oreille droite et la prière elle-même qui est accomplie à proximité de son oreille gauche, l’amulette qui est distribuée, le septième jour, aux parents et aux voisins, ainsi que le fait que seuls les cheveux de l’enfant mâle sont rasés, et que celui-ci est pesé sur une balance où l’on a également mis des pièces de monnaie, qui sont ensuite distribuées aux nécessiteux.
L’étude traite également de la période qui suit les quarante premiers jours, considérés comme une période à risque pour la mère, au terme de laquelle elle est à l’abri des djinns (démons), de l’envie et de la maladie. Sa mère lui offre un trousseau et l’apprête pour qu’elle revienne au domicile conjugal comme une nouvelle mariée. Ses mains et ses pieds sont alors ornés de henné, elle est parée d’habits neufs aux couleurs gaies et ses cheveux ainsi que ses vêtements sont parfumés avec les meilleures fragrances.
Fatima Aïssa As-Saliti