CHANTS ET COUTUMES DU PELERINAGE

Les chants du hajj (pèlerinage de la Mecque) ont connu, à l’évidence, un grand succès, surtout auprès des femmes qui prennent plaisir à les entonner.  Lorsque le maître de la maison s’apprête à partir pour accomplir ce rite, les femmes se réunissent dans le patio pour saluer l’événement dans la liesse et la convivialité. Elles interprètent alors des chants dont la plupart se fondent sur des formes d’harmonie spontanée qui respirent la joie et dont les strophes évoquent les lieux qui jalonneront l’itinéraire du futur pèlerin et le statut qui sera le sien, une fois accomplie sa visite aux Lieux saints.

Le milieu social a fini par imposer un lexique spécifique à ces  chants du hajj, si bien que certaines formules répandues, dans tel  milieu, n’auront pas cours dans tel autre. C’est le cas pour les strophes où il est dit qu’il suffit d’avaler quelques gouttes de l’eau de Zemzem pour guérir n’importe quelle maladie.
Il reste que les hymnes à la terre sainte sont répandus et fréquemment chantés, et qu’il existe, dans les zones côtières et méridionales, des ressemblances entre certains couplets dues aux fort nombreux passeurs qui contribuent à la transmission de ce patrimoine, ressemblances qui peuvent donner lieu à des confusions lors de l’interprétation de certains chants, lesquels varient selon les dialectes en usage dans te ou tel milieu.    
La voiture destinée au transport des pèlerins est ornée de bannières blanches, le blanc étant la couleur de la pureté et de la tolérance. Les gens du peuple se rassemblent autour du véhicule qu’ils accompagnent de leurs clameurs et youyous ainsi que des chants qu’ils entonnent en hommage à l’heureux candidat auquel ils adressent leurs félicitations , tout en souhaitant à ceux qui vont rester d’accomplir à leur tour le rite du hajj.
Dans les images relatant le parcours du pèlerin on rencontre fréquemment des dessins figurant les moyens de transport empruntés pour arriver à la Mecque : chameau, train, bateau, avion… Ces dessins sont associés à certains chants, comme c’est le cas pour la cantilène appelée La route du Prophète qui évoque le chameau.
Chanteurs et dessinateurs retracent les étapes par lesquelles passe le hadj en associant la mélodie à la figuration plastique. Parmi les dessins les plus courants, nous trouvons le cortège des pèlerins, orné d’arbres, de végétaux, d’ustensiles en céramique qui confèrent à l’image, de la même façon que dans d’autres formes d’arts plastiques relevant de l’héritage populaire, une touche de beauté.
Il est de coutume en Egypte de repeindre de frais la façade de la maison du hadj, pour célébrer le retour du pèlerin mais aussi pour distinguer cette demeure des autres. On utilise le plus souvent à cet effet la chaux qui permet de donner au badigeon des couleurs vives et gaies.

Achraf Abou Al Hamad
Egypte