Revue Spécialiséé Trimestrielle

LES CHAINES SATELLITAIRES ET LEUR IMPACT SUR LA CULTURE POPULAIRE

Issue 30
LES CHAINES SATELLITAIRES ET LEUR IMPACT  SUR LA CULTURE POPULAIRE

Il n’est pas dans notre intention, lorsque nous soulignons les dangers de l’information diffusée par les chaînes satellitaires, d’appeler à mettre fin à ce type d’information, ni, encore moins, à nier les acquis de la révolution technologique et des inventions accomplies par l’intelligence humaine qui ont, dans tant de domaines, facilité la vie des individus et des nations. Nous cherchons simplement à connaître le meilleur moyen de tirer profit de ces avancées, sans que cela ait des répercussions négatives sur notre existence, nos valeurs, nos principes, nos constantes mais aussi notre culture populaire, avec tout ce patrimoine de pensée, de savoir, de valeurs et de traditions qu’elle véhicule.

Nous ne souhaitons pas non plus que notre culture populaire moderne soit une copie conforme de la culture de nos aïeux. Les différences et les conflits entre les générations ont été, sont et seront toujours la preuve que les concepts, les circonstances et les réalités évoluent perpétuellement et que c’est là chose naturelle. La vie, les savoirs, les cultures ne cessent en effet d’avancer, et les successeurs bénéficient toujours de l’expérience des prédécesseurs. La continuité entre les générations est en effet indispensable à la continuité de la vie sous sa meilleure forme, même s’il s’agit de deux générations dont les fins et les moyens sont différents. La génération des pères s’est fondée sur le livre pour faire mûrir sa conscience du monde, construire sa personnalité et découvrir l’univers qui l’entoure, alors que la génération des fils a vu s’ouvrir à elle de nouvelles voies et des moyens inédits pour accéder à la connaissance : c’est la génération des « chaînes satellitaires », de « l’internet » et de bien d’autres technologies.
Cette évolution pose des questions nombreuses et inter-reliées qui exigent que nous prenions en considération les écarts entre les générations, les différences entre les circonstances et les exigences de la vie, ainsi que la nécessité de s’adapter aux innovations de l’époque, de s’armer de lucidité et d’audace et d’assumer les responsabilités qui incombent à chacun.
Nous ne prétendons pas qu’il existe une seule partie qui soit susceptible d’apporter des réponses ou d’assumer les responsabilités quant à cette situation qui fait que les gens perdent un temps précieux et se détournent de tâches plus utiles et productives du fait de l’attrait excessif qu’exercent l’information télévisuelle et divers programmes bien plus nocifs qu’utiles. La question, ici, est celle de la responsabilité éducationnelle, pédagogique, éthique, une responsabilité que se partagent diverses parties qui doivent coopérer et se compléter pour que nous puissions former des générations armées de culture et de savoir qui capables de hisser la nation et la société aux  rangs les plus élevés, sinon c’est l’ensemble de la communauté nationale qui risque de s’effondrer et de disparaître.
Si le problème concerne à la base l’éducation, la responsabilité incombera en premier lieu à la famille. Les proches ne sont-ils pas ceux qui donnent l’exemple ?
 Peut-on seulement demander aux enfants de ne pas imiter leurs parents ?
 Comment, d’autre part, exiger d’eux de ne pas prêter attention à ces médias auxquels ils sont, pour ainsi dire, en permanence connectés, dans le temps où les rapports, en termes de dialogue et de communication, qui les attachent à leurs familles ne cessent de se défaire ?
Le moment n’est-il pas venu pour ces familles d’être attentives aux dangers qui guettent leurs enfants – dangers pour les valeurs et les principes dont elles se réclament tout autant que pour l’avenir scolaire ou universitaire de ces enfants ?
N’est-il pas temps que ces familles retrouvent la raison et assument pleinement leur mission, afin d’être les guides vigilants qui orientent leurs enfants, veillent sur leur développement et leur apprennent à distinguer ce qui leur est utile de ce qui peut leur nuire, et à bien occuper leur journée en l’organisant de manière à ce que le travail, les loisirs, la lecture, le repos y trouvent leur place dans une répartition équilibrée ?
 Une telle approche de la culture doit être étendue à toutes les familles, elle doit commencer par les parents eux-mêmes afin qu’ils soient un exemple pour leurs enfants et que l’organisation équilibrée de la journée devienne un véritable mode de vie chez les jeunes.


Meriem Hamza
Liban

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