Revue Spécialiséé Trimestrielle

LE RAMADAN ET L’AID AU BAHREIN ET COUTUMES HERITES A TRAVERS LES GENERATIONS

Issue 21
LE RAMADAN ET L’AID AU BAHREIN ET COUTUMES HERITES  A TRAVERS LES  GENERATIONS

Le mois de ramadan, mois du jeune et de la spiritualité, a suscité de nombreuses traditions que les chroniqueurs arabes ont mentionnées dans leurs ouvrages qui ponctuent les différentes étapes de l’histoire islamique, notamment les ouvrages historiques et les biographies mais aussi les recueils de poésies et les livres de grammaire et de rhétorique. 

 

Dès qu’apparaît le croissant du mois de cha’aban, les gens commencent à se préparer en vue du mois de ramadan si bien que les deux mois présentent de réelles similarités par leur caractère festif et par cette animation que connaissent marchés où s’intensifie l’activité commerciale et où l’on voit affluer de grandes quantités de victuailles et de sucreries pour répondre à la demande des jeûneurs. 

Dès que l’apparition du croissant annonciateur du mois de ramadan est confirmée, des coups de canon retentissent à travers la ville. Ce mois est, plus qu’aucun autre mois de l’année, celui de l’oraison par laquelle le fidèle aspire à se rapprocher de Dieu. Car c’est au cours du mois de ramadan que le Coran  a été révélé au Prophète ; et c’est aussi le mois où Dieu a placé la nuit du Destin (la nuit sacrée). Ses nuits sont les plus belles car des lanternes sont allumées dans toutes les rues de la ville où l’on voit se répandre et jouer les enfants à toutes sortes de jeux, tandis que les hommes se rendent dans les mosquées pour prier et écouter les belles récitations du Coran alors que les femmes se rendent visite les unes aux autres pour la veillée ramadanesque. 

L’une des  traditions sociales qui caractérisent le Bahreïn, à ce moment de l’année, est la visite que la parentèle rend à l’aîné de la famille dès le début du mois saint. Une autre tradition consiste à rompre le jeûne par une assiette de soupe suivie de quelques dattes et d’un café arabe. Les hommes se rendent ensuite à la mosquée pour accomplir la prière du couchant (salat al maghreb). Le dîner qu’ils prennent en famille, à leur retour, comporte le hariss  (froment cuit et viande pétrie), letharid (pain trempé dans le bouillon) et les louqaimat (petites bouchées) ; certains y ajoutent lesmakbous (marinades)  qui n’appartiennent pas à vrai dire aux traditions locales.  

Il est de coutume chez la plupart des gens de prendre, avant l’arrivée du ramadan, des concoctions à base de plantes appelées al ‘achrajou as sanamkipour « nettoyer » leurs estomacs en vue des lourdes tablées du ramadan.

Lors de la nuit où l’on suppute l’apparition du croissant indiquant le début du mois saint, les gens se répandent sur les plages ou se postent sur les hauteurs pour s’assurer que le croissant est bien visible. Cette nuit s’appelle la nuit d’alistihlal (recherche du/aspiration au croissant).

La tradition s’est maintenue jusqu’à nos jours des religieux et des juges qui siègent dans les mosquées et les tribunaux pour accueillir ceux qui disent avoir vu le croissant afin de les interroger et vérifier la véracité de leurs dires.Les hommes, eux, se rendent à la mosquée ou chez les notables pour écouter les récitations du saint Coran. Souvent, les riches se vantent du nombre de khatms (clôture de la psalmodie du Coran dans l’intégralité de ses versets) qu’ils ont réalisés chez eux, au cours du mois de ramadan. Des récitants sont entièrement dévolus à la psalmodie, contre salaire, des versets du Livre Saint. Au terme de la récitation, l’orateur de la mosquée se lève pour prononcer devant l’assemblée des fidèles des discours d’exégèse et d’édification.

La prière des taraouihs (prière surnuméraire de nuit propre au mois de ramadan) est suivie de la distribution par les riches des repas aux pauvres. 

Dans le temps, tout un chacun faisait le jeûne, y compris les enfants, qui rivalisaient  d’endurance alors qu’ils n’avaient pas encore atteint l’âge où le carême devient obligatoire, et l’on voyait l’enfant tirer la langue devant ses congénères pour qu’ils se convainquent de la vérité de son jeûne : si la langue est blanche ou porte des marques de blancheur c’est qu’il jeûne, si elle est rouge c’est qu’il a menti. 

Parmi les jeux ramadanesques qui ont, hélas ! disparu, on comptait le jeu de la guerre ou de la conquête qui est parfois émaillé de violence. Ce jeu réunissait les enfants les plus solides et les plus tenaces du groupe qui se munissaient chacun d’un bâton, d’une palme ou de la queue d’un gros poisson et se portaient à la hauteur du groupe qu’ils ont décidé d’attaquer  et dont les membres savaient à l’avance qu’ils allaient venir jusqu’à eux. Le chef du groupe agressé se levait alors et haranguait les siens par des chants destinés à attiser leur courage afin qu’ils se dressent face à « l’ennemi ». L’étude donne quelques exemples de ces chants guerriers. Parmi les événements le plus importants du mois de ramadan, on citera la nuit du qarqa’ounou du qarqachoun qui correspond à la quinzième journée du mois. Les enfants sortent, au cours de cette nuit, par groupes, chaque enfant tenant une pièce de tissu à la main ; ils parcourent les rues et les ruelles de la ville pour recueillir les dons que leur font les passants sous la forme de pièces d’argent, de fruits secs ou de diverses confiseries typiques du pays. Ces dons s’appellent qarqa’ounou qarqachoun du ramadan. 

Mohamed Al Samerray

Irak


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