Revue Spécialiséé Trimestrielle

A L’EPREUVE DE LA RESTITUTION D’ARTS EN VOIE DE DISPARITION…

Issue 21
A L’EPREUVE DE LA RESTITUTION D’ARTS EN VOIE DE DISPARITION…

Voilà près de dix ans, les hautes autorités du Royaume du Bahreïn émettaient des directives portant création d’un groupe de spécialistes et d’experts travaillant dans le domaine du patrimoine musical populaire afin d’étudier la possibilité de redonner vie à certaines formes de chant relevant de l’héritage artistique populaire. Ces formes artistiques commençaient en effet à s’étioler, menaçant même de disparaître à terme, en raison des mutations sociales mais aussi de la disparition des maîtres et des professionnels les plus aguerris qui en connaissaient les règles et les secrets les plus intimes. Un consultant, choisi parmi les plus fins connaisseurs de cet héritage populaire a été désigné pour présider ce groupe, lequel a tenu nombre de réunions et adopté un ensemble de recommandations qu’il a soumises aux instances dirigeantes, lesquelles les ont agréées avant de les transmettre aux organes chargés de les mettre en œuvre. 

L’une de ces recommandations portait sur la création d’une équipe travaillant à temps plein et dont les membres occuperaient des fonctions permanentes. Ceux-ci devaient être élus parmi les praticiens les plus éminents des arts du sawt (voix, chant) et du fajri (liturgie, chant de l’aube). De jeunes exécutants amateurs devaient y être associés, de sorte que les deux ensembles pussent former la troupe bahreïnie des arts populaires. Cette troupe était en outre appelée à travailler dans un local approprié, sous la direction de formateurs et d’administrateurs compétents. Mais il s’était avéré que la partie chargée de l’exécution des recommandations adoptées était dans l’incapacité de remplir sa mission, du fait que les fonds alloués à ce programme fort coûteux ainsi que les possibilités de recrutement étaient insuffisants. Le projet ne put donc, hélas ! être mené à bien. 

Mais, depuis le début de la nouvelle année administrative, le Centre Culturel Isa, qui œuvre sous l’autorité du cabinet royal du Royaume du Bahreïn, reçoit ses directives de Son Altesse le Cheikh Abdullah bin Khaled Al Khalifa, Président de son conseil d’administration, et coopère dans différents domaines avec le Conseil national de la Culture, des Arts et des Lettres de l’Etat du Koweït, a pris de nouvelles initiatives en vue de sauver ce patrimoine, en procédant à l’étude d’un projet culturel et artistique visant à faire revivre l’art du chant du manzu qui était sur le point de s’éteindre. Or, le manzu n’est autre que le fameux art du sawt qui a toujours été considéré comme un des plus beaux accomplissements du peuple du Golfe arabe et de sa civilisation, un art né des célébrations solennelles des hommes, dans le Royaume du Bahreïn et l’Etat du Koweït, un art où se manifeste dans toute sa plénitude l’âme de peuples épris de musique, passionnés de poésie et attentifs au respect des règles fondamentales de l’exécution autant que soucieux de garantir la participation de la collectivité aux plaisirs et aux réjouissances spirituelles et aux plus hautes performances festives.

Des décisions concrètes ont été adoptées par les deux parties en vue de créer de façon concertée une grande compétition qui fût confortée par de nombreuses récompenses financières afin d’encourager les artistes puisant dans l’esprit et les principes fondateurs de l’art du sawt et de susciter des œuvres nouvelles de haute facture. Cette compétition, ouverte aux compositeurs et chanteurs de la région du Golfe arabe, repose sur un ensemble d’exigences artistiques définies sur la base d’études menées au plus haut niveau. De nombreuses réunions se sont tenues entre les hauts responsables, au Bahreïn et au Koweït, pour un examen conjoint des différentes questions de procédure. Une haute commission technique a été ensuite créée avec la participation des artistes les plus qualifiés des Etats membres du Conseil de Coopération du Golfe afin de superviser sur le plan artistique la première de ces compétitions et en évaluer les éventuels résultats positifs. 

Les spécialistes qui travaillent au service de ces arts ne peuvent à cet égard que se réjouir de voir se constituer, dans chaque pays arabe de la région du Golfe et de la Presqu’île arabique, des groupes de jeunes amateurs de ce patrimoine qui sont véritablement ensorcelés par ces arts et passionnés par les prestations exécutés dans leurs différents milieux, au point que, dans certains cas, l’imprégnation de l’esprit de cet héritage artistique a atteint à des niveaux exceptionnels de créativité. Voilà qui montre que cette belle initiative conjointement menée par le Bahreïn et le Koweït a été un véritable stimulant autant qu’elle est révélatrice de l’intérêt des jeunes de la région pour ces arts tout autant que de l’importance des orientations définies par les hautes instances dirigeantes des deux pays qui restent attachées à certains arts du chant, aujourd’hui menacés d’extinction et, plus généralement à la consolidation de notre culture nationale et au resserrement des liens entre les nouvelles générations  et leurs propres racines culturelles.

 

Salut, donc, aux efforts du Centre Culturel Isa du Royaume du Bahreïn qui fut à l’origine de cette initiative qui revêt de profondes significations. Salut également à l’adhésion et au soutien apporté à ce projet par l’Ingénieur Ali Al Youha, Secrétaire général du Conseil national de la Culture, des Arts et des Lettres du Koweït !

La culture populaire arabe a plus que jamais besoin de telles formes de coopération et d’entraide.

LA CULTURE POPULAIRE 

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