Revue Spécialiséé Trimestrielle

Coutumes et traditions du mariage dans les villages du Bahreïn L’exemple de Nouaydrat

Issue 2
Coutumes et traditions du mariage dans les villages du Bahreïn L’exemple de Nouaydrat

Viennent ensuite l’étape de la concertation autour de la dot que le prétendant doit payer à sa future femme, puis celle, décisive, du contrat par lequel s’achèvent les démarches de la demande en mariage. La phase des préparatifs et de l’acquisition par la fiancée de son trousseau, commence une fois que le père de cette dernière a reçu la dot qui est toujours payée par le prétendant en espèces et une fois.

L’auteur passe en revue les habits qui sont portées lors de la cérémonie par les femmes du village et qui reflètent le niveau culturel et l’appartenance de chacune à telle ou telle catégorie ou classe sociale. Elle étudie ensuite les différentes tenues que la mariée va porter, au cours de chacune des nuits que durera le mariage. La robe dite d’« en-nachl » est, par exemple, un vêtement long et ample avec de larges ouvertures sur les manches ; cette robe est ornée de complexes broderies en fil d’or dit « ezzari », couvrant toute la surface du tissu. Cette robe, qui est réservée à la nuit de noce proprement dite, est en général de couleurs verte et rouge qui sont considérées comme les couleurs distinctives de la cérémonie du mariage. Un autre vêtement est appelé « al moufa’hha’h » et se caractérise par la variété de ses couleurs qui sont habituellement des couleurs sombres, au nombre de quatre, alliant le violet, le noir, le vert et l’orangé, sous la forme de bandes horizontales harmonieusement réparties sur toute la surface des larges manches.

Il arrive que la mariée porte ce vêtement à la place de la robe dite d’« en-nachl ». L’étude évoque également la « derra’â » qui se porte avec « en-nachl » ou tout autre vêtement transparent ; la « derra’â » est de deux sortes : la « derra’â oum errasgh », reconnaissable à la large bande en fil d’or dit « ezzari » qui entoure le poignet ; et la « derra’â oum katif » dont la bande se distingue par la finesse de sa broderie ; cette « derra’â » est ornée sur la poitrine par des fils d’« ezzari » qui dessinent de jolis motifs. Le « seroual » est, lui, fait de tissus en coton aux couleurs gaies avec, au bas de la jambe, de belles broderies aux couleurs harmonieuses. La mariée le porte avec la « derra’â » et les « mechmars », au cours de la nuit du « henné » et à l’occasion de la journée de la « jeloua » (présentation de offrandes par l’époux). Quant à la « ghechoua », c’est une sorte de foulard en coton léger, de couleur noire, dont les femmes se couvrent les cheveux, le cou et le visage, lorsqu’elles sortent dans la rue : la « ghechoua » de la mariée est ornée de broderies en fil d’argent ; le tissu en est le plus souvent transparent, et cette pièce, qui est portée par la mariée le jour du « henné » et de la « jeloua » ainsi qu’au cours de la nuit de noce, symbolise la pudeur dont doit faire preuve l’épousée, lors de sa cérémonie de mariage. Pour ce qui est du « melfa’â », c’est un morceau de tissu soyeux de couleur noire, le plus souvent de forme rectangulaire, dont les femmes se couvrent la tête lorsqu’elles sortent dans la rue.

La « ‘âba’a » (fin manteau) appelée la « deffa » qui voile la totalité du corps jusqu’à la limite des orteils est un vêtement présentant sur le devant deux ouvertures par où peuvent se glisser les doigts. Le « machmar » consiste en un morceau de tissu susceptible d’envelopper l’ensemble du corps de la tête aux pieds et est utilisé par les femmes à l’intérieur de la maison ou lorsqu’elles rendent visite à des voisines dans le village. La mariée porte ce vêtement, au cours de la nuit du « henné » et de la nuit de noce ainsi qu’au cours des sept jours pendant lesquels elle reçoit les hommages des proches. Lors de la « jaloua », elle reçoit en offrande sept « amchmars ».

L’auteur se penche ensuite sur les habits portés par les hommes à l’occasion de la fête de mariage, et notamment le « thoub » (longue chemise de la région du Golfe), le « séroual » (pantalon), le « becht », la « ghatra », le « ‘âghel » (cordon dont on se ceint la tête), le « na’âl » (souliers) ou la « masbah’a »(chapelet). De même, elle s’attarde sur les bijoux, les parements ainsi que l’encens dont la mariée se sert, lors des différentes cérémonies, notamment les feuilles d’or, les « qahfia » et les pétales de violette et de géranium qu’elle met sur sa tête, lors de sa nuit de noce. Comme les mères procèdent au percement du lobe de l’oreille de leurs fillettes dès leur plus jeune âge, elles viennent, au lendemain de la nuit de noce, leur mettre des boucles d’oreilles appelées « tarakis » par lesquelles elles leur souhaitent le bonjour. Les doigts, les bras, les avant-bras et la poitrine de la mariée sont ornés de divers types de bijoux , bagues, colliers, parures, auxquels s’ajoutent divers onguents, peintures et fonds de teint, ainsi que des parfums tels que l’ambre, le musc, le santal ou le benjoin. Divers encensoirs et narguilés sont également utilisés.

L’auteur note l’importance du choix de la « daya » qui est une spécialiste qui se met au service exclusif de la mariée qu’elle prépare en vue de l’événement. La « daya » se charge de coudre les divers habits de cérémonie et accompagne la mariée jusqu’au moment où elle s’installe chez son époux. Elle s’occupe, en outre, de tous les mets aussi bien salés que sucrés qui sont offerts à l’occasion des différentes cérémonies et qui consistent en un éventail de hors d’oeuvre, plats et desserts typiques de la région mais aussi de préparations destinées spécialement à cette occasion, notamment un plat fait de pain et de poisson rôtis à point que la mère de la mariée place sous le lit des époux et qui censé servir de dîner aux djinns pour qu’ils ne viennent pas se mêler à la fête. Les principales boissons sont l’eau, le café, la citronnade, le thé et le sirop de rose rouge.

Sawssan Ismaël Abdallah - Bahreïn

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