Revue Spécialiséé Trimestrielle

LES REGIONS LES PLUS CONNUES D’EGYPTE DANS LE DOMAINE DE LA DANSE POPULAIRE

Issue 18
LES REGIONS LES PLUS CONNUES D’EGYPTE DANS LE DOMAINE DE LA DANSE POPULAIRE

Hossam Mohasseb (Égypte)

L’intérêt pour la danse populaire en Egypte est étroitement lié à l’intérêt général pour les différentes formes et catégories d’arts populaires. Or, cet intérêt s’est accru, au cours de la dernière période, en même temps que se renforçait la volonté d’œuvrer à la préservation du patrimoine populaire authentique. 

 

La danse populaire égyptienne est une question multidimensionnelle qui exige un travail de recherche global prenant en compte les arrière-plans historiques et sociaux, ainsi que les diverses évolutions que l’Egypte a connues et les rapports entre cet art et les autres formes artistiques. Cette recherche doit également prendre en considération le développement de la danse en tant que telle en fonction du développement du peuple égyptien lui-même en ce qu’il a de plus spécifique. L’étude géographique du cadre naturel, du contexte démographique et socioprofessionnel, des us et coutumes ainsi que des rites et célébrations accompagnant les diverses festivités s’impose également, à côté de l’étude des autres formes artistiques populaires, notamment celles qui relèvent de la musique, du chant, des instruments de percussion, lesquels ont un rôle essentiel dans le développement des arts de la danse. Il en va de même pour les costumes des danseurs qui doivent faire l’objet d’analyses précises mettant en valeur la fonction des différents détails vestimentaires ainsi que des accessoires, des bijoux populaires et autres objets utilisés sur la scène de la danse.
L’ouvrage de Saad Al Khadim est l’une des plus importantes références en ce qui concerne la danse populaire en Egypte. Mais les voyageurs et les savants étrangers qui ont visité l’Egypte nous ont laissé d’autres études scientifiques sur la question. Le mérite des savants qui ont accompagné la campagne napoléonienne dans ce pays ne devrait pas à cet égard être passé sous silence, La Description de l’Egypte constituant en effet un ouvrage de référence essentiel, notamment pour la partie consacrée à la danse et au chant où la danse appelée ‘el ‘awalem wal ghawasi est étudiée de façon détaillée.
Ces recherches et études scientifiques ont attiré l’attention sur l’absence d’une cartographie des danses populaires égyptiennes, au long de l’histoire du pays. C’est pourquoi l’auteur propose une démarche scientifique visant à établir une typologie scientifique de la danse populaire moderne sur la base d’une carte faisant ressortir les régions et provinces selon les principales caractéristiques des danses qui sont spécifiques à chacune d’entre elles et soulignant les principales danses en fonction de leur origine géographique.
Dix régions ont pu être classées où l’on rencontre vingt-cinq danses spécifiques à chacune d’entre elles et plus de dix danses communes, ce qui en soi témoigne de la richesse et de la diversité du patrimoine égyptien – un patrimoine unique en son genre Cette classification montre également que le pays a su préserver les arts qu’il a hérités du passé le plus lointain et des grandes civilisations nées sur sa terre et qui lui ont donné son visage actuel si caractéristique.
Mais cet environnement sans pareil dans lequel se sont épanouis les arts populaires, dans toute leur diversité, a fait que, même si les danses présentent quelques différences d’un milieu bédouin à un autre, elles n’en restent pas moins proches les unes des autres pour tout ce qui concerne les structures fondamentales de chaque danse. La même continuité peut être observée entre les différents milieux ruraux mais aussi entre les différents milieux urbains.
Tel est, en somme, le paysage artistique populaire de l’Egypte qui se répartit sur trois grands axes : bédouin, rural et urbain.
La danse bédouine se caractérise de façon générale par ce mouvement unique de la danseuse que l’on appelle al hachi ou al hugala (d’autres appellations existent également) et qui consiste pour la danseuse à lever son bassin vers le haut, une première fois, en symbiose avec le pas de danse que son partenaire effectue du pied droit, et, la deuxième fois, en symbiose avec le pas qu’effectue le danseur du pied gauche. C’est cette synchronie du mouvement, réalisée en avant du groupe de danseurs qui, alignés sous la forme d’un croissant, frappent la mesure en tapant dans les mains, tout en pliant, à intervalles réguliers, un genou puis l’autre.
Quant à la danse bédouine elle se caractérise par ce mouvement uniforme accompli en même temps par les danseurs et les danseuses, et qui consiste à bouger les épaules vers le haut puis vers le bas, à travers une gestuelle faite de pas de danse simples, les jambes avançant tantôt vers l’avant, tantôt vers l’arrière.
Pour la danse de la Haute-Egypte, elle est fondée sur la force, les valeurs chevaleresques, les duels à l’épée de bois ou d’acier et le maniement du bâton. La danse dite ‘el ‘awalem wal ghawasi et celle des villages dans les zones rurales se fondent pour l’essentiel sur des mouvements vers le haut du ventre, de la taille et de la poitrine. Pour les cités côtières, enfin, la danse se distingue par la rapidité et la légèreté du mouvement, le geste viril et la virtuosité individuelle.

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