Revue Spécialiséé Trimestrielle

LE TATOUAGE CHEZ LES TRIBUS AFRICAINES

Issue 13
LE TATOUAGE CHEZ LES TRIBUS AFRICAINES

Houssein Abbassi (Tunisie)

L’une des normes comportementales qui est devenue une obligation, chez les tribus du centre de l’Afrique, est la pratique du tatouage ou, pour être plus précis, les scarifications et autres incisions corporelles qui sont devenues une coutume contraignante pour chaque membre de la tribu, sous peine d’être rejeté hors de la communauté.
Le tatouage chez les tribus du centre de l’Afrique est, pour le moins que l’on puisse dire, une opération effrayante et douloureuse, mais, aux yeux de leurs membres, cette pratique est fondamentalement liée à la culture et aux croyances religieuses de leurs tribus dont le mode de vie sévère et primitif les a habitués à supporter les douleurs les plus extrêmes.

L’une des questions les plus insistantes est de savoir si ces tatouages répondent à certains critères esthétiques et, au cas où la réponse est positive, à quelles normes il faudrait les soumettre. D’autres questions se posent également : comment se fait-il que les douleurs accompagnant l’incision se transforment en instants d’ivresse et de plaisir ? Jusqu’à quel point le tatouage relève d’une pratique magique, religieuse, spirituelle ? Peut-on considérer le tatouage chez les tribus d’Afrique du sud comme une langue de communication ?

Même si le tatouage ne se limite pas à tel pays ou à telle civilisation, à l’exclusion des autres, il n’en reste pas moins de façon ou d’autre lié à la culture de la société où il a vu le jour. Le tatouage s’est à cet égard développé en rapport avec les religions anciennes qui en ont fait la représentation symbolique de leur inspiration et de leurs divinités. Il a en outre été connu comme un moyen pour combattre les démons et faire échec à la magie noire. Dans les tribus d’Afrique il a été considéré comme le seul signe qui permet de distinguer les uns des autres les membres des différentes tribus. 

Le tatouage, chez les tribus d’Afrique centrale en particulier, tend à revêtir d’autres fonctions et à s’orienter dans des directions allant à l’encontre des significations habituellement liées à une telle pratique. Le tatouage dans la culture des tribus de cette partie de l’Afrique n’est pas e effet celui que l’on retrouve chez les tribus arabes ou dans les pratiques qui ont cours aujourd’hui en occident : sa signification relève d’autres codes et symboles inscrits sur la surface du corps.

Le tatouage est une pratique ancienne qui remonte aux époques les plus reculées de l’humanité. Il est connu depuis la nuit des temps en Egypte. On le retrouve sur certaines momies, et les anciens Egyptiens l’ont utilisé à des fins médicales, croyant qu’il les protégeait contre l’envie. Certains peuples s’en sont servis à des fins sacrificielles afin d’obtenir la bienveillance de dieux. Il a également constitué un rempart contre les esprits du mal et une protection contre la sorcellerie et ses maléfices. Des restes humains remontant au néolithique témoignent de l’ancienneté de cette pratique. De même, le tatouage a-t-il été utilisé comme moyen de marquer l’appartenance à telle ou telle tribu, à faire la distinction entre les membres de telle et telle communauté. Le tatouage suppose l’utilisation d’instruments tranchants et de colorants chimiques qui sont introduits jusqu’à la couche profonde de la peau, ce qui en garantit la durée.

Les membres des tribus africaines n’ont pas été instruits dans cet art, ils l’ont appris au sein de la nature, auprès des plus âgés d’entre eux qui se sont transmis ces traditions d’aîné à aîné. Tous les secrets de la tribu sont gardés par le chef (ou cheikh), cet historien illettré qui est considéré comme une précieuse bibliothèque. Or, il suffit d’observer la peau de ce personnage en ses multiples replis pour y trouver des dessins, des signes, des scarifications et des symboles qui sont autant d’indices révélateurs d’un système de vie précis, spécifique à la tribu qui est placée sous son autorité. Scarifications ou tatouages n’ont jamais été des pratiques gratuites ou des exercices ludiques auxquels les tatoueurs se seraient livrés pour le plaisir sur le corps des autres. Ils sont liés aux temps anciens au cours desquels les hommes vivaient une existence de nomades, proches de la nature, sacralisant certains animaux et craignant la colère des éléments, la houle aussi bien que le tonnerre, le vent, la pluie ou les oiseaux.

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