Revue Spécialiséé Trimestrielle

Bijoux Et Ornements De Toilette Dans La Culture Arabe Et Populaire

Issue 11
Bijoux Et Ornements De Toilette Dans La Culture Arabe Et Populaire

Mais les choses vont changer avec l’apparition des sociétés humaines, à l’aube de l’histoire, qui a fait que, désormais, hommes et femmes étaient devenus attentifs au souci de soi. Les découvertes archéologiques ont révélé que l’être humain a porté, à travers les âges, divers types de parures, ce qui prouve notamment qu’il y a toujours eu, profondément enraciné dans l’âme humaine, tout particulièrement chez les femmes, un désir de se présenter aux autres sous son meilleur jour, que l’on fasse partie du monde des riches ou des pauvres, que l’on soit citadin ou campagnard.

Les bijoux ont été associés, depuis les temps préhistoriques, à des croyances religieuses et à des peurs irrationnelles de l’inconnu et de l’invisible. Les anciens avaient porté ces accessoires parce qu’ils croyaient qu’ils les prémunissaient contre la colère des dieux mais aussi contre le mauvais sort, ces accessoires étant supposés détenir une force magique. Que certaines tribus primitives d’Afrique ou d’Amérique continuent à ce jour à se parer d’accessoires de diverses formes confirme la profonde signification que bijoux et amulettes ont toujours eue aux yeux des hommes.

Les progrès culturels et intellectuels ont, par la suite, donné aux hommes une autre perception des bijoux et des pierreries. Car, outre qu’ils mettent en valeur les beautés physiques de l’individu et contribuent à lui donner un plus grand éclat en société, ils constituent une véritable épargne pour les jours difficiles. Les Arabes ont, à l’instar des autres vieilles nations, traditionnellement porté des bijoux en or, en argent, en verre ou en ivoire, des perles ainsi que cette pierre colorée et striée de noir du Yémen que l’on appelle al jaz’aa. Citons également les ornements en bois, en pierre, en tissu, en coquillages, etc.

L’extension territoriale de l’empire islamique, au temps des Abbassides, a drainé de grandes richesses vers les caisses de l’Etat, l’or et l’argent affluaient des quatre coins de la terre, des fortunes s’étaient bâties et la vie sociale atteignit l’apogée de sa splendeur. Il était naturel que cette richesse imprégnât le mode de vie de l’ensemble de la population, qu’il s’agisse de la décoration des maisons, de l’acquisition des tapis les plus opulents, des habits les plus raffinés ou des mets et boissons les plus variés ; quant aux bijoux et toilettes, ils ont connu un essor difficile à imaginer aujourd’hui.

Les femmes ne reculaient, à cet égard, devant aucun excès, notamment celles qui vivaient dans les palais des califes, des émirs, des vizirs et autres hauts personnages. Elles paradaient dans les plus belles soieries, exhibaient les bijoux et les pierreries les plus rares, sous la forme de diadèmes, de boucles d’oreille, de lourdes chaînettes de cheville, de colliers, de pendentifs…

Certaines même en ornaient les plis de leur chevelure ou les portaient en bandeau, comme le fit Alya bint Al Mahdi pour cacher un défaut qu’elle avait au front et fut ainsi à l’origine d’une mode qui connut un grand succès parmi les dames de son temps. D’autres éléments firent leur apparition, au cours des époques ultérieures, dans le domaine de la joaillerie, comme on le voit avec ces bonnets sertis de pierres précieuses ou ces voilettes et ces diadèmes très élaborés dont les femmes continuent encore à se parer, en Jordanie, en Syrie et au Liban, en particulier au Jebel al Arab.

Lors des cérémonies de mariage, dans les régions éloignées des villes, on voit souvent les villageoises et les bédouines sortir en un magnifique ensemble coloré, parées de leurs bijoux les plus variés dont elles sont couvertes des pieds à la tête : longues boucles d’oreilles en argent nouées aux cheveux, aux bandeaux, aux foulards auxquels sont suspendues des guinées et d’autres pièces en or ; voilettes où scintillent des éclats multicolores ; colliers étroits finement ouvragés ; médaillons gravés dans l’argent le plus rare ; chaînettes de chevilles, etc.

L’histoire arabo-islamique a accordé une grande attention à la question des bijoux et des ornements vestimentaires. De nombreux ouvrages y ont été consacrés. Les noms des fards, bijoux et autres accessoires, les techniques de fabrication, les usages ou la manière de porter ces ornements figurent dans la plupart des livres de grammaire et des oeuvres littéraires, en vers ou en prose ; poètes, linguistes, conteurs, théologiens, législateurs, savants en ont parlé d’abondance.

Alhasan Tikibdar(Maroc)

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