Revue Spécialiséé Trimestrielle

SUR LES COUTUMES TRIBALES CHEZ LES BEA DOUINS DU SAHAROCCIDENTAL EGYPTIEN

Issue 10
SUR LES COUTUMES TRIBALES CHEZ LES BEA DOUINS DU SAHAROCCIDENTAL EGYPTIEN

Ce sont en effet ces rôles qui ont, par la suite, conféré à chaque tribu la place qui lui revient dans l’élaboration des règles et principes qui commandent les relations mutuelles entre les individus et entre les tribus. Le rôle de chaque tribu était, par la suite – c’est-à-dire une fois dépassées les années de conflits et de dissensions, aussi bien ceux qui les avaient dressés les unes contre les autres que ceux qui les ont opposés à leurs cousins libyens des tribus des Harabis – d’assurer la conservation de ces règles et principes, ce dont toutes les tribus s’acquittèrent, de la façon la plus entière, depuis le début de la période de stabilisation jusqu’à nos jours.

L’auteur passe en revue les principaux aspects des coutumes tribales des bédouins du Sahara occidental égyptien en soulignant ce qui suit :

1 – Les péripéties qui ont marqué l’histoire des tribus de Ouled Ali, depuis qu’ils se sont fixés dans la province de Burqa avant d’être contraints à l’exode, au lendemain des combats qui les opposèrent aux tribus libyennes des Harabis, furent l’élément fondateur des coutumes que ces tribus adoptèrent et qui furent en fait définies par celles d’entre elles qui s’engagèrent dans des combats pour assurer leur survie et la survie des tribus qui vivaient à leur côté. Une telle histoire ne pouvait, en réalité, qu’imposer à de telles coutumes la personnalité du combattant qui repose sur des valeurs tels que la fermeté, la noblesse et l’honneur chevaleresque. De même cette histoire a-t-elle dicté à ces tribus des rôles en accord avec les capacités qu’elles démontrèrent en temps de guerre.

2 – La géographie de la région, le paysage désertique, les vastes espaces en même temps que la dépendance des populations à l’égard de la pluie pour l’agriculture et l’élevage qui constituent l’essentiel de leurs ressources, expliquent l’adéquation des coutumes à la nature du relief et du climat, ce qui explique l’importance de la solidarité pour faire front aux dangers naturels et de l’entraide pour tirer le meilleur profit de la terre.

3 – Ces coutumes supposent le libre choix des arbitres, en cas de divergence, ainsi que le respect de leurs décisions, lesquelles se fondent sur la profonde connaissance de l’objet de la dispute. Cette connaissance implique une spécialisation très fine, en ce qui concerne tous les détails de la question pour laquelle ils ont été sollicités, et, partant, une grande capacité à proposer les solutions appropriées, de sorte à éviter l’aggravation des différends. C’est cette spécialisation qui fait que les parties au conflit recourent, en toute circonstance, à cette coutume tribale qui correspond à l’image qu’ils se font de la vraie solution.

4 – Le respect de l’être humain et le statut particulier qui lui est accordé, et qui diffère l a r g e m e n t de son poids é c o n omi q u e , ont une place importante dans les traditions tribales, telles qu’elles s’expriment à travers les coutumes suivies en matière de règlement des différends. Le préjudice subi par l’être humain constitue l’une des questions essentielles sur lesquelles portent les coutumes tribales.

5 – Le vol est, dans les traditions des tribus de Ouled Ali, un délit passible des sanctions les plus sévères, de sorte à prémunir la communauté contre de tels actes qui, sans cela, seraient faciles à commettre. Le coupable est en effet condamné à payer le quadruple de la valeur de ce qu’il a dérobé ou à jurer sous serment, quatre autres personnes étant appelées à jurer solidairement avec lui. Voilà qui incite chaque membre de la tribu à gagner sa vie à la sueur de son front et non en profitant du travail des autres. Ainsi, les coutumes poussent chaque individu à être un membre utile à lui-même et à sa communauté.

6 – Les changements, parfois restreints, parfois d’une grande ampleur, qui surviennent dans la vie de la collectivité imposent le retrait de telle règle coutumière, l’adoption de telle autre ou une permutation des règles. C’est cela qui fait que ces coutumes peuvent s’adapter aux évolutions de l’époque, tout en demeurant l’expression fidèle des besoins du groupe. Et c’est ainsi aussi que se perpétue au sein du groupe cette confiance en la justesse des

Samih Shaalane(Égypte)

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