LE CONTE POPULAIRE DANS LA PRESQU’ILE ARABIQUE ET LA REGION DU GOLFE
Issue 13
Dhia Abdullah Al Kaabi (Bahreïn)
La fonction culturelle et heuristique du conte populaire arabe n’a pas bénéficié de toute l’attention nécessaire, dans le domaine de la recherche, en dépit de l’importance qu’elle revêt. La plupart des études consacrées à ce type de récit ont en effet mis l’accent sur les méthodes d’analyse de la structure et de l’esthétique formelle et fonctionnelle, négligeant le sens dans son rapport avec les systèmes culturels dans lesquels s’inscrit ce genre narratif populaire et les champs d’interprétation sur lesquels il ouvre. Font exception à cet égard les lectures interprétatives de haute tenue, telle l’étude menée par Abdulhamid Bourayou sur les contes populaires du Maroc. Il s’agit d’une réflexion sur les significations implicites de ce type de récit, menée selon une méthodologie fondée sur la prise en compte des congruences et des gradations entre les différents niveaux du discours, à l’intérieur du conte, et le dévoilement du sens qui n’apparaît pas d’emblée mais se révèle, peu à peu, à travers une analyse assez minutieuse qui prend en considération les spécificités internes au discours tout en les reliant à l’environnement culturel qui les a produits et en a assuré la transmission.
Cette étude vise donc à donner une lecture culturelle et interprétative du conte populaire arabe, dans la région de la presqu’île arabique et du Golfe arabe en prenant appui sur l’analyse narrative culturelle. L’auteur a opté pour cette approche en partant de la conviction qu’elle permet de dévoiler les significations du discours narratif populaire et les structures culturelles et cognitives qui lui ont donné le jour. Cette démarche ne diminue en rien les mérites des études structurales ou celles des formes esthétiques, l’auteur est même convaincu qu’un travail associant structure, esthétique et herméneutique est de nature à produire cette analyse exhaustive du conte populaire arabe que l’on attend encore.
Le champ d’application sur lequel l’auteur a travaillé consiste en quatre recueils de contes populaires appartenant à la Presqu’île arabique et à la région du Golfe arabe. L’ambition première était de dépasser les limites de cette zone géographique pour couvrir la totalité des contes populaires arabes, mais le projet s’est heurté à de nombreux obstacles, notamment la difficulté de trouver les différents recueils de contes arabes, difficulté liée aux problèmes de l’édition qui ont fait que la diffusion de ces recueils de récits populaires reste le plus souvent limitée à des cercles très restreints. En outre, l’analyse de recueils de contes très divers et volumineux requiert l’effort de nombreuses équipes de chercheurs dévoués et ne saurait être l’œuvre d’un seul. Il s’agit là d’un vaste projet de recherche méthodique et institutionnelle dont nous espérons, affirme l’auteur, qu’il se réalisera un jour.
Le corpus narratif choisi comme champ d’application pour cette étude consiste en quatre recueils de contes populaires :
1 – Légendes populaires du cœur de l’Arabie Saoudite, éditées par Abdulkarim Al Jehiman (Arabie saoudite). L’ouvrage est en cinq forts volumes et contient plus de cent contes.
2 – Le pérenne et le végétal, contes édités par Lamia Salah Baâchin. L’ouvrage est en six volumes et comprend cent contes populaires du Hedjaz.
3 – Le Conte populaire au Qatar Mohamed Selman Eddouik. Tome II.
4 – Hazawi (les récits d’)oumi cheikha de Anissa Fakhrou (Bahreïn). L’ouvrage est en quatre volumes, il comprend cent contes populaires du Bahreïn, transcrits en arabe littéral simplifié avec, ici et là, des mots ou expressions du dialecte bahreïni.