MUSIQUE ET CHANSONS DE YONBU Origine, instruments, structures mélodiques
Issue 63
Dr Majdi ben Eid ben Ali Al Ahmadi
Professeur associé en littérature et critique littéraire. Département de la langue arabe. Université de Tabouk. Royaume d’Arabie Saoudite.
L’étude traite de la tradition musicale de la ville saoudienne de Yonbu, une tradition qui appartient au patrimoine populaire, chaque société ayant le sien qui porte sa marque et témoigne d’une part de sa culture. L’auteur aborde cette activité artistique en étudiant son émergence et ses différentes composantes et en apportant des réponses à diverses interrogations :
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Où est apparu cet art ?
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Quelles en sont les composantes ?
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Quels sont les instruments utilisés au service de cette musique ?
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Quelles sont les personnalités artistiques qui l’ont illustré ?
L’auteur a adopté la méthode descriptive afin de cerner les différentes facettes de cet art musical. L’étude comporte une introduction, des remarques préliminaires et trois axes de réflexion. Le premier de ces axes porte sur les instruments en usage dans ce type de musique ; le second sur les éléments entrant dans la composition de cette musique, avec la présentation d’exemples de mawwel (strophes musicales) et d’adwar (refrains) ; le troisième sur les maîtres de ce genre musical et les lieux où sont produites les performances publiques.
Cette étude a donc pour objet un art musical et chanté populaire connu sous le nom de tarab yonbuawi (performance musicale et chantée propre à la ville de Yonbu) ; l’étude a permis de dégager un certain nombre de conclusions que l’on peut résumer ainsi :
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On ne peut dire de façon catégorique que ce type d’art est propre aux habitants de Yonbu, mais le tarab yonbuawi avec l’ensemble de ses chansons patrimoniales provenant de nombreux pays arabes, ses mawwel construits à partir de poésies chantées et bien d’autres caractéristiques témoigne d’une identité musicale inséparable des habitants de Yonbu. Cette idée est confirmée par le fait que le mot tarab est devenu indissociable du nom de lieu, Yonbu. Même présenté en d’autres lieux, la dénomination de cet art musical est en soi un signe d’appartenance, à quoi il s’ajoute que les genres mélodiques qui ressemblent à ce tarab fondé sur cet instrument particulier, al samsamya, sont appelés en plus d’un endroit al tarab al bahri (tarab maritime – Yonbu est une ville de la côte). On conviendra donc sans difficulté que le tarab yonbuawi sous sa forme connue est un genre mélodique portant l’identité de Yonbu.
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Les débuts de cette forme musicale sont liés à cet instrument appelé al samsamya que vont bientôt accompagner al marwas, al derbaka et al raqq. Il reste qu’al samsamya peut à elle seule jouer le rôle des autres instruments. Un autre genre de tarab est ensuite apparu qui a pour base instrumentale le qanoun, lequel s’accompagne de nombreux instruments tels le oud, le kaman (violon oriental), la derbaka (instrument à percussion), le raqq et le marwas.
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L’instrument appelé samsamya confère aux soirées de tarab une plus grande vivacité que celles animées par le qanoun, surtout si cet instrument s’accompagne du kaman. Cela ne signifie nullement que les chansons à base de qanoun soient d’une qualité ou d’un art moindres, ce sont juste d’autres impressions que recueille l’auditeur.
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Le mawwel est un élément essentiel dans ce genre musical, le mawwel quadripartite est à cet égard la principale caractéristique de ce tarab, il est produit sur la base de diverses structures mélodiques : as-saba, as-sicca, al beyet…
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Le tarab yonbuawi présente un patrimoine empruntant, pour une large part, ses mawwel et ses adwar (refrains) à divers pays.
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Ce genre musical est associé aux cérémonies célébrées à différentes occasions (mariages et autres). Des soirées de tarab sont également organisées entre amis sur la base d’invitations individuelles et se déroulent dans une ambiance conviviale.
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Ce type de tarab commence par le mawwel accompagnant la prestation musicale, vient ensuite le dawr (refrain, le pluriel est adwar) entrecoupé parfois – mais pas nécessairement, même si diverses variations peuvent se rencontrer – de tabhîra (improvisation ?).
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Les familles Battish et Ar-rouissi sont parmi les plus connues par leur contribution à ce genre musical, sans oublier les virtuoses les plus réputés, tel Abu Kirâa.
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On ne saurait non plus négliger dans l’expansion de ce genre musical le rôle joué par les troupes musicales qui se sont approprié ce genre de tarab, comme les troupes d’Abu Hilal ou Abu Siraj, même si les maîtres du tarab yonbuawi n’ont pas manqué de les critiquer.