Revue Spécialiséé Trimestrielle

LES SIGNIFICATIONS DE LA BERCEUSE ET DU BERCEMENT DANS LA CULTURE POPULAIRE LIBYENNE

Issue 54
LES SIGNIFICATIONS DE LA BERCEUSE ET DU BERCEMENT  DANS LA CULTURE POPULAIRE LIBYENNE

Ghalia Younes Al Dharaani

Chercheure. Libye. 

Chanter à l’enfant une berceuse c’est l’aider à se calmer et à s’endormir non pas en lui donnant ces assoupissants dont se servent aujourd’hui certaines mères,  mais en lui répétant de ces vocables simples et en petit nombre, de ces constructions phrastiques élémentaires mais chargées de significations et profondes par le contenu et la finalité, que la mère ne cesse de réitérer dans l’oreille de l’enfant en leur conférant une forme mélodique sereine dont la douceur est de nature à amener ce petit être à se calmer et à trouver le sommeil. Pour le bercement, c’est ce mouvement par lequel l’enfant est légèrement balancé sans que cela s’accompagne d’une chanson. Quant à l’endormissement, le mot arabe en usage est tankhîm qui désigne à la fois le jeu et le chant, deux mots qui diffèrent dans la langue arabe par le sens mais s’accordent sur la finalité qui est d’apaiser l’enfant par le recours à divers outils et instruments. L’endormissement comprend le mouvement et le chant alors que dans le bercement le mouvement peut ne pas s’accompagner de la moindre mélodie. Eb fait, dans la culture populaire libyenne, les deux mots indiquent un seul et même objectif et se rejoignent quant à la désignation des mêmes moyens et outils, à savoir le léger balancement et le chant apaisant. Ces deux mots ont, somme toute, une seule et même signification.

Les chercheurs spécialisés dans le domaine de l’enfance estiment que les berceuses qui accompagnent la première étape de la vie de l’enfant représentent le premier rapport existentiel par le moyen de la littérature entre la mère et sa progéniture. La mère assume donc une fonction vitale en semant la première graine dans l’éducation de son enfant à la vie et dans l’éveil de sa sensibilité aux sentiments, sensations et rythmes musicaux.

Berceuses et bercements accompagnent l’enfant à une étape aussi cruciale que fondamentale de sa vie, celle de la première enfance (de zéro à trois ans). Dans la culture populaire libyenne, ce sont en général la mère, la sœur ou une autre femme proche de l’enfant qui s’en chargent, avec en premier lieu le souci, comme l’auteur l’a déjà souligné, de jouer avec l’enfant ou d’essayer de le tranquilliser et de faire cesser ses pleurs, etc.

La principale caractéristique des berceuses et des bercements c’est leur scansion apaisée, leur style monotone et leur musique lente. Leur exécution exige chez la personne qui en a la charge de la sérénité et beaucoup d’énergie positive où s’épanouissent les sentiments d’amour et de tendresse que la voix va transmettre à l’enfant sous la forme d’une comptine qui aura un effet magique sur l’enfant, dès lors que la performance est exercée de la meilleure façon.

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