FETES, CÉLÉBRATIONS ET CÉRÉMONIES DANS LA SOCIÉTÉ ALGÉRIENNE Fonctions sociales et manifestations festives
Issue 54
Matraf Omar ben Maamar Boukhedhra
Fêtes et célébrations constituent autant de pratiques sociales et de rites religieux à travers lesquels la société s’emploie à préserver son patrimoine populaire et son héritage culturel et civilisationnel. Ces diverses manifestations recèlent en effet de nombreuses significations et symboles en même temps qu’elles remplissent des fonctions sociales et donnent lieu à diverses exhibitions où s’expriment la joie et la liesse populaires. Ce sont en effet de moments où s’oublient les peines et les chagrins et où se renforcent les liens familiaux et les multiples formes de solidarité sociale, de sorte à développer et à conforter la cohésion sociale, tout en consolidant les relations entre les membres de la communauté.
Il n’est pas en effet de société humaine qui n’ait ses fêtes, ses célébrations et ses cérémonies qui reviennent chaque année à des dates bien déterminées. Sans doute les sociétés arabes et musulmanes sont-elles celles qui connaissent le plus de ces rendez-vous festifs, par comparaison avec les autres sociétés, qu’elles soient d’Orient ou d’Occident. Le peuple algérien partage à cet égard avec le reste des peuples arabes et islamiques les mêmes fêtes religieuses, les mêmes cérémonies familiales et les mêmes festivités nationales.
De telles manifestations collectives constituent des traditions officielles et populaires où s’exprime la joie collective et où les peines et les épreuves de la vie laissent place à la détente. Pour beaucoup, elles sont autant d’occasions pour oublier, ne serait-ce que pour un temps, les préoccupations et les difficultés. On voit alors apparaître diverses pratiques où le religieux se mêle au social, le sacré au profane et le spirituel au temporel. Ce sont là des dates essentielles qui aident à renforcer l’entraide entre les hommes et les échanges tant matériels qu’intellectuels entre les membres de la communauté, et qui contribuent aussi à fortifier le ciment social, à en consolider les assises et à développer les liens entre les individus. D’où ces questions : quel est le rapport entre fête, cérémonie et célébration ? Quels sont les différents types de fêtes et de célébrations ? Quelles en sont les significations symboliques, les fonctions sociales et les manifestations festives ?
Les rites auxquels donnent lieu de telles manifestations constituent autant d’illustrations de tel ou tel comportement social à travers lequel se perpétue la structure traditionnelle dans divers aspects de la vie sociale, quel que soit le milieu. On y voit se mélanger le sacré et le mythique, l’héritage culturel et la dimension religieuse, ce qui confère aux us et coutumes une grande diversité qui se transmet par cycles successifs d’une génération à l’autre, par-delà les mutations économiques et sociales dictées par les exigences de l’époque. La rapidité des changements socio-économiques qui affectent la société s’est traduite par l’apparition de nouvelles formes de comportements sociaux, ainsi que de nouvelles traditions et coutumes qui sont liées aux différentes manifestations festives mais ne correspondent pas nécessairement aux us et coutumes qui s’étaient enracinés dans la mémoire des hommes au cours des précédentes périodes.
L’effort déployé par chaque société pour s’autorenouveler, tout en préservant ses structures, produit en effet un ensemble de nouvelles habitudes. Celles-ci sont de nature à aider les communautés humaines à perpétuer leur être au milieu des vastes et rapides mutations dans lesquelles elles se trouvent engagées. Dans le même temps, on voit s’affaiblir certaines habitudes et formes anciennes de comportement qui ont cessé de remplir les fonctions qui leur étaient dévolues dans le passé. De même voit-on s’étioler des rites et des célébrations avec leurs significations sociales, leurs dimensions religieuses, culturelles et festives qui contribuent fortement au renforcement de l’appartenance familiale, des liens de solidarité sociale et de la participation à la construction de la personnalité de l’individu et à l’enracinement de l’identité de chaque société dans toutes ses dimensions.