DAR JELLOULI UN MONUMENT TÉMOIN DE LA VIE SOCIALE ET CULTURELLE DE LA VILLE DE SFAX ENTRE LE XVIIIe ET LE XIXe SIECLES
Issue 46
Alia Larbi
Chercheure
La forme architecturale de Dar Jellouli (maison traditionnelle de la famille Jellouli, devenue aujourd’hui un musée de l’habit traditionnel), avec ses différentes composantes qui ont été recensées, est le reflet de toute une culture qui distingue le citoyen de Sfax (deuxième ville de Tunisie, également appelée ‘’la capitale du Sud’’) des autres habitants du pays. Parmi les vertus qui sont généralement reconnues à ce citoyen, on notera : sa diligence et son amour du travail et de l’apprentissage, vertus ancestrales qui demeurent, aujourd’hui encore, ancrées en lui. « Sfax est, dit-on, la ville du labeur et non des longues veillées : c’est là une réalité qui remonte loin dans le temps, une réalité qui n’a guère changé jusqu’à nos jours et demeure l’une des caractéristiques qui font la réputation de cette ville. »
La vie quotidienne de la société sfaxienne d’aujourd’hui – qui est en soi un miroir de la société tunisienne en général – s’est toutefois imprégnée à plusieurs égards de cette modernité qui impose à chaque individu un mode de vie marqué par une acculturation qui fait de lui, non pas un producteur, mais un simple consommateur qui survalorise les autres et se rabaisse lui-même, un être, finalement, dépendant plutôt que maître de son destin.
Pour prendre un exemple, les habits traditionnels de la ville de Sfax ne sont plus portés qu’en de rares occasions, notamment les cérémonies de circoncision ou de mariage. Il y a même des habits qui ont été depuis longtemps supplantés par des vêtements modernes fort souvent importés de l’étranger et dont les jeunes d’aujourd’hui ignorent jusqu’à l’existence.
L’auteur parle également dans cette étude de l’attachement du Sfaxien à la préparation de la ‘aoula, cette tradition culinaire immémoriale de conservation des produits alimentaires qui se fait en famille au rythme des saisons de l’année. Elle souligne le recul, voire la quasi-disparition de cette coutume chez l’actuelle – et même déjà la précédente – génération. Seules, en réalité, les vieilles familles de Sfax ont perpétué cette tradition.