Revue Spécialiséé Trimestrielle

LES DANSES DES TSIGANES

Issue 45
LES DANSES DES TSIGANES

Thameur Yahya Abdulghaffar

 

Beaucoup d’indices témoignent de la présence fort ancienne des gitans en Égypte, et de leurs longues pérégrinations à travers l’ensemble du pays. Mais il n’existe pas de traces significatives d’une telle présence et de semblables errances en ce qui concerne les tsiganes. On ne peut d’ailleurs affirmer avec certitude que les familles tsiganes se sont répandues de la même façon que celles des gitans dans tous les districts et villages d’Égypte.

Des liens ou des mariages ont sans doute existé entre enfants de gitans et enfants de tsiganes qui expliquent que beaucoup de chercheurs aient souvent confondu les deux communautés, comme ils expliquent la croyance assez répandue que les tsiganes seraient présents tout autant que les gitans dans toutes les régions du pays.

La même confusion est fréquente quant à la pratique de la danse chez ces deux populations. Elle s’explique par le fait qu’aucun des spécialistes de la danse populaire ne s’est attaché à étudier, analyser et comparer les pas de danse chez chacune des deux communautés. A cela s’ajoute le fait que certains membres de la société égyptienne sont appelés tsiganes parce qu’ils pratiquent les danses populaires, comme le sont certains couples exerçant des arts tels que la musique ou le chant, alors que les uns et les autres n’appartiennent pas à cette population. La même confusion est également induite par le fait que certains gitans cohabitent avec les tsiganes tandis que d’autres se sont intégrés à la société égyptienne en se sédentarisant.

L’un des aspects importants de l’histoire des gitans est leur dévotion à un personnage appelé Al Zîr Salem, par référence à un conte populaire anonyme que beaucoup de conteurs ont repris et qui relate les débuts du combat qui a opposé Al Zîr à Jassas et les tentatives d’assassinat menées contre Al Zîr par ses ennemis depuis l’enfance de ce héros. Or, cette histoire est très éloignée du destin des Barmkides dont les tsiganes prétendent être les descendants.

Si tsiganes ont pour profession la danse et si, arrivées à un certain âge, la plupart des femmes de cette communauté arrêtent de danser et se convertissent en joueuses de tambourin et autres instruments de percussion pour accompagner les jeunes tsiganes lors des cérémonies, on voit que certaines gitanes exercent, elles aussi, la profession de danseuses outre qu’elles lisent la bonne aventure et s’adonnent à la pratique de la médecine populaire. Quant aux hommes de la communauté tsigane, ils jouent de la musique pour les danseuses de cette communauté ou s’occupent de l’organisation des galas dansants ainsi que des diverses dispositions liées à de tels événements, tandis que les gitans sont, eux, employés dans des métiers considérés comme bas.

Cette recherche nous amène à conclure qu’il y a de fortes raisons de penser que les tsiganes peuvent présenter de fortes ressemblances avec les gitans mais qu’ils ne font pas partie de cette communauté. Elle nous conduit également à approfondir l’enquête et l’analyse comparative sur les pas de danse chez chacune de ces deux populations afin de mettre en lumière les différences et les ressemblances, tant pour la forme et l’expressivité que pour le contenu, qui existent entre les deux communautés dans la pratique de cet art.

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