LA FABRICATION DE LA BRIQUE ROUGE DANS LA REGION EST D’AL JERIF (SOUDAN)
Issue 44
L’étude se fonde sur la matière collectée par l’auteur sur le terrain, à l’été 2009, dans la région où s’exerce ce métier. Le chercheur a recueilli ses informations de la bouche des professionnels, il a enregistré toutes les données sur des cassettes. Il s’est d’autre part fondé sur l’observation, suivant pas à pas les fabricants, tout en documentant par la photo les étapes successives de la fabrication. La matière enregistrée est aujourd’hui conservée au département des sciences du folklore de l’Institut des études africaines et asiatiques de l’Université de Khartoum. L’étude explique en détail, photos à l’appui, les étapes de la fabrication de la brique rouge, dans la région est d’Al Jerif. La production commence avec la préparation des outils, au début de la saison succédant à celle des pluies et des inondations ; suivent les étapes par lesquelles passe la brique rouge depuis la matière première jusqu’à la fin de la cuisson. L’auteur s’arrête sur la durée du processus de fabrication et les étapes de la journée du travailleur, lesquelles obéissent à une routine immuable, ainsi que sur le volume et les méthodes de commercialisation de la production.
On commence par mettre en place les outils avant d’entamer la phase de production proprement dite. L’un des outils les plus importants est à cet égard la tarabayza qui est la plateforme sur laquelle s’organise le processus de production. L’auteur détaille les étapes de sa construction, il passe ensuite en revue les différentes phases de la fabrication en s’arrêtant sur la durée, le volume et les modes de commercialisation de la production.
Ce « récit » est précédé d’une brève présentation de l’est du Jerif. Il s’agit de l’une des principales zones de production de la brique rouge de la capitale, Khartoum, et du Soudan, en général. Cette activité industrielle a grandement contribué au développement de cette région ainsi que d’autres régions du pays, à l’amélioration du niveau général de leur population et à l’expansion démographique de Khartoum et de bien d’autres villes.
La fabrication de la brique rouge dans la région est du Jerif est considérée comme un héritage ancestral. La brique est en effet l’épine dorsale du bâtiment au Soudan, en général, et dans la capitale, en particulier, où il ne se trouve pas une seule maison en brique, une seule institution scolaire ou universitaire, une seule caserne ou ministère dont la brique ne provient d’Al Jerif.
Ce métier a également été à l’origine de nombreuses mutations dans la région. Il jour un rôle positif dans le développement social de cette partie du Soudan, qu’il s’agisse à cet égard d’éducation, de population ou de culture, en général. La production de la brique rouge a contribué en effet à l’édification des écoles, des clubs et lieux de culte, des instituts professionnels ou des centres de formation industrielle. Les taxes prélevées au quotidien sur cette industrie ainsi que les impôts annuels sur la production sont reversés à la région et servent, notamment, à payer les salaires des enseignants, et à financer les services généraux de la région ainsi que les institutions scolaires, médicales et autres.
Assaad Abdul Rahman Awadhallah
Soudan