BREFS APERÇUS SUR LES US ET COUTUMES DE LA SOCIETE SAHRAOUIE AU SUD DU MAROC
Issue 41
Mohammed Al Safi
L’homme du désert – le Sahraoui – a choisi la simplicité en toute chose, une simplicité qui est le reflet du monde saharien lui-même. Que ces populations soient elles-mêmes venues du désert et qu’elles y aient établi leur demeure explique sans doute leur attachement à ce milieu et aux us et coutumes qui s’y rencontrent, ainsi que le montrent les étranges rites liés au mariage qui font du lieu de la cérémonie un théâtre où se déroule un spectacle prodigieux, à toutes les étapes d’une célébration s’échelonnant de la nuit des fiançailles à la fin des sept jours et sept nuits de festivités.
Les croyances diffèrent des autres composantes du patrimoine populaire. Si l’habit local et les us et coutumes tirent leur valeur de la pratique et de l’exhibition qui les met sous les yeux de tous, les croyances, elles, demeurent, en tant que forces motrices de tous les faits sociaux, de toutes les actions que chacun accomplit seul ou en groupe, invisibles, celées au plus profond de la conscience de chacun. Et c’est là que réside la difficulté que rencontre le chercheur lorsqu’il veut les étudier.
Les croyances sont présentes en tout temps et tout lieu, chez les illettrés comme chez les plus instruits. Ces derniers peuvent, en telle ou telle circonstance, se dépouiller de leur habit traditionnel pour se vêtir de façon moderne et se conformer aux exigences de leur époque, ils n’en sont pas moins incapables de se détacher de leurs croyances qui sont ancrées au plus profond de leur être. Autant qu’un autre, l’habitant du Sahara a en effet une vie remplie de croyances. La journée a-t-elle commencé que ces croyances viennent à sa rencontre et imprègnent chacun de ses gestes, chacune de ses actions.
L’héritage culturel est devenu l’un des piliers du développement économique. Il joue un rôle primordial dans de nombreux pays qui se sont attelés à la réhabilitation de leur patrimoine pour le mettre au service de la croissance et de la relance du tourisme. On peut à cet égard citer le cas de la France, de l’Espagne, de l’Italie, de la Turquie ou de la Grèce où cet héritage a été exploité à des fins économiques, ce qui est en soi la claire démonstration que ce legs du passé ne doit pas être réduit à sa dimension esthétique ou symbolique car il assume aujourd’hui une fonction développementale qui est devenue primordiale.
La culture saharienne est à cet égard d’une très grande richesse, elle est variée et extrêmement étendue, elle s’est abreuvée à l’eau la plus pure de l’arabité ainsi qu’à la source de l’Islam qui jamais ne tarit. La société des bidhân (les hommes blancs) est une société arabe musulmane qui n’a jamais côtoyé de minorité religieuse, et c’est cela qui fait que la culture de ces hommes a un caractère uniforme et qu’ils y demeurent profondément attachés. Cette culture est faite de l’héritage socioculturel que les aïeux ont transmis à chacun à travers les us, les coutumes et les enseignements de l’Islam, mais aussi l’habit, les métiers traditionnels, les relations sociales, le dialecte du groupe, les conventions…, soit tout ce qui fait la spécificité du milieu auquel appartient le Saharien qui a reçu ce legs fait d’un cumul historique qui ne cesse de se développer et de s’enrichir à toutes les étapes de son existence. C’est cet acquis que la mémoire sahraouie a consigné dans sa langue hassanienne nourrie de tous les arts littéraires populaires connus sous leur forme versifiée ou prosaïque mais aussi des innombrables dictons, proverbes, récits, contes, saynètes populaires et de bien d’autres manifestations qui se sont conservées jusqu’à nos jours.
La société hassanienne s’enorgueillit de son patrimoine qui est fait d’un ensemble d’acquis et de productions ancestrales qui n’ont cessé de s’accroître à travers le temps et de s’étendre à travers l’espace, tout en gardant leur spécificité et leur authenticité, comme c’est le cas aussi pour les us et coutumes que cette société a jalousement préservés au long des siècles.