CONTACTS ET RUPTURES DANS LES RAPPORTS ENTRE CULTURE POPULAIRE ET CULTURE SAVANTE L’EXEMPLE DE L’ALGERIE
Issue 22
L’étude porte sur un ensemble de questions relatives à la nature du rapport de la culture populaire à la culture savante en Algérie, depuis l’ère ottomane jusqu’à nos jours. L’auteur se penche sur quelques exemples liés à des étapes historiques précises de la production culturelle où ce rapport se manifeste de façon éclatante.
Mais il convient, en premier lieu, de souligner que la notion de culture populaire a fait l’objet de vastes débats entre les spécialistes, en raison des ambiguïtés liées à l’interaction entre cette notion et d’autres portant des dénominations aussi différentes que « patrimoine populaire », « héritage ou œuvres populaires », « folklore », « patrimoine immatériel », etc., dénominations qui désignent les mêmes matières culturelles, mais en leur conférant d’autres significations et en renvoyant à des champs sémantiques différents.
L’étude part d’une conception de la culture populaire en tant que celle-ci est constituée de l’ensemble des symboles, formes d’expression artistiques, de croyances, de représentations, de valeurs, de normes, de techniques, d’us et coutumes, de types de comportements hérités, de génération en génération et perpétuées au sein de la société à raison de l’adaptation de ces formes culturelles aux nouvelles conditions d’existence et de la pérennité de leurs anciennes fonctions ou de l’émergence de fonctions nouvelles qui leur sont attachées.
Par culture savante, l’auteur désigne la culture reconnue et diffusée par l’institution officielle, culture qui est prise en charge, protégée et promue par l’Etat ou ce qui en tient lieu, à travers des stratégies, des planifications et des moyens de communication élitistes ou de masse.
La différence entre ces deux formes de culture repose essentiellement sur le rôle important que joue la collectivité dans la conservation, le renforcement et la transmission de la culture populaire, transmission où l’oralité joue un rôle central, tandis que la culture savante est, par excellence, celle produite par l’élite c’est-à-dire par des individus ; sa transmission s’opère au moyen de l’écrit.
La culture populaire algérienne a connu des phases de contact et de complémentarité avec la culture savante de la société, mais elle a également connu des situations de rupture et d’incompréhension, au gré des périodes historiques et de la nature du pouvoir en place, lequel consacre la coupure lorsqu’il est étranger, les canaux de communication se rétablissant à chaque fois qu’apparaît un système politique émanant de la société elle-même.
L’effort de l’auteur porte, dans cette étude, sur l’ensemble des pratiques culturelles que la communauté algérienne a connues et continue à connaître depuis l’époque ottomane, pratiques qui se fondent sur l’arabe et les dialectes locaux en tant que mode d’expression. Sont essentiellement abordées les formes d’expression artistique qui ont pour base le langage, avec, parfois, la mise en évidence de certaines particularités propres à telle ou telle époque, à telle ou telle région, à telle ou telle forme littéraire, ou à tel ou tel grand créateur. L’étendue de l’enquête est essentiellement liée aux enregistrements ou documents disponibles, l’accent étant mis le plus souvent sur le matériau littéraire, en raison de la formation de l’auteur et des quelques acquis réalisés en Algérie dans ce domaine.
Abdelhamid Bouraiou
Algérie