LE TRAVAIL SUR LE TERRAIN ENTRE THEORIE ET PRATIQUE
Issue 16
ALI Ebrahim AL Dhaou (Soudan)
Même si l’on dispose de quelques connaissances académiques concernant le travail sur le terrain – connaissances qui représentent elles-mêmes la quintessence d’expériences menées par les spécialistes dans les différents domaines des sciences humaines et sont d’un grand secours pour le chercheur qui collecte la matière sur le terrain –, la pratique n’en reste pas moins irremplaçable.
Beaucoup de vérités générales se heurtent en effet à bien des obstacles, dès lors qu’on cherche à les appliquer à des cas concrets, et beaucoup de moyens et instruments que l’on croyait hautement efficaces s’avèrent fort souvent peu probants quand ils ne constituent pas une entrave réelle à l’accomplissement du travail.
Dans cette brève étude qui repose sur une expérience de vingt-cinq années de collecte de la matière dans les différentes régions du Soudan, nous allons d’abord tenter de mettre en lumière certaines méthodes de travail généralement reconnues ; dans un second temps, nous tenterons, de préciser les réussites et les échecs que l’équipe a connus en collectant sur le terrain, soit dans les différentes parties du Soudan, la matière musicale.
Nous pouvons résumer cette expérience dans les points suivants :
1 – Il est indispensable de déterminer le lieu et de bien choisir le moment pour engager le travail sur le terrain. En d’autres termes, il faut délimiter la zone d’intervention, puis le lieu ou les lieux précis que l’équipe va explorer.
2 – Il convient également de déterminer la matière à collecter en calculant le temps nécessaire à l’accomplissement de cette tâche. L’expérience montre qu’il faut tenir compte dans les projections des surprises et des événements imprévisibles, lesquels sont toujours nombreux, en particulier dans les pays en développement.
3 – Avant de se rendre sur le terrain, le chercheur doit prendre connaissance de toute la littérature relative à la matière qui l’intéresse et à la région visée, un tel savoir ne pouvant qu’aider à planifier le déplacement et à faciliter la mission.
4 – Le chercheur se doit également d’entrer en contact avec les universitaires qui l’ont précédé dans la région pour y accomplir des missions similaires. Il peut ainsi recueillir des données sur les bons informateurs mais aussi sur les responsables et les leaders de la communauté visée, et, à partir de là, prendre contact avec ces hommes afin de se familiariser avec les lieux, bien organiser son séjour, etc.5 – Il est nécessaire de préparer à l’avance ses provisions et les outils propres à faciliter le bon déroulement de la collecte. Les moyens d’enregistrement audio-visuel ainsi que les instruments de mesure et autres fournitures doivent faire l’objet du plus grand soin. Il convient à cet égard d’être bien entraîné à leur utilisation, de disposer de quelques connaissances minimales pour en assurer l’entretien et de se doter de l’énergie nécessaire pour en assurer le fonctionnement. Face aux informateurs, toute défaillance dans la bonne marche de tous ces outils ne peut que porter atteinte à l’autorité du chercheur et nuire à l’efficacité de son travail.