Revue Spécialiséé Trimestrielle

METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE SUR LES CROYANCES, LES COUTUMES ET LES TRADITIONS

Issue 4
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE SUR LES CROYANCES, LES COUTUMES ET LES TRADITIONS

L ’auteur affirme à cet égard que le fait d’apporter une plus grande rigueur au travail sur le terrain et de développer les méthodes de collecte de la matière populaire n’est pas contradictoire avec quelque effort théorique que ce soit, et ne saurait être considéré comme une prise de position en faveur de telle théorie au détriment d’une autre. DEUXIEMEMENT : La collecte sur le terrain vient en premier lieu. L’auteur passe en revue les procédures de collecte de la matière, par le recours aux éléments et aux outils du patrimoine populaire – le premier de ces outils étant le guide du travail sur le terrain –, ainsi qu’aux recueils, en tant qu’ils représentent une des sources de la matière folklorique arabe, aux musées consacrés au folklore qui constituent une source importante où le chercheur peut réunir beaucoup d’éléments de la matière populaire authentique, et à l’observation en groupe qui est une source irremplaçable pour l’étude du patrimoine populaire.

L’auteur insiste sur le fait que l’observation est la principale procédure pour collecter la matière folklorique sur le terrain, car c’est elle qui fournit au chercheur la réserve essentielle d’expériences et lui confère cette profondeur et ce niveau de spécialisation qui font les vrais savants. A cela, il faut ajouter le travail d’archivage, de classement et d’indexation, ainsi que l’apport que représente le recueil Meknez al fulklur (Le Trésor du folklore) dont deux volumes de deux mille pages ont déjà paru.

TROISIEMEMENT : Définir avec précision les concepts, dans le domaine des croyances, des populaires, des coutumes et des traditions populaires. QUATRIEMEMENT : Unifier la méthodologie dans le domaine de la science du folklore. La méthode historique est considérée comme la plus ancienne, en la matière. Elle doit être complétée par la méthode géographique qui délimite la zone d’extension d’une même manifestation folklorique ; c’est, d’ailleurs, pour cette raison que l’approche topographique du patrimoine culturel a occupé la première place dans les études consacrées à l’héritage populaire, au long de la première moitié du XXè siècle. Cette méthode a évolué, de sorte que la cartographie des manifestations culturelles est devenue le moyen par excellence de l’étude géographique du patrimoine populaire.

Quant à l’approche sociologique, dans l’étude du patrimoine populaire, elle a pour but de déterminer la dimension sociale des éléments du patrimoine. L’orientation sociologique met exclusivement l’accent sur celui qui est « porteur » de culture car elle s’attache à définir la position psycho-intellectuelle de l’homme dit « du peuple ». CINQUIEMEMENT : La reproduction du patrimoine. Il s’agit d’une nouvelle orientation théorique et méthodologique, la reproduction du patrimoine constituant la visée axiale dans l’immense projet de recherche en cours, au sein du centre de recherches et d’études sociologiques de la Faculté des Lettres de l’Université du Caire, sur le patrimoine et la culture populaires et le changement social. Le chercheur précise que le mouvement des éléments du patrimoine sur la carte sociale constitue l’un des facteurs qui font la force et la pérennité de ce patrimoine.

Toutes les catégories et couches sociales en sont, en effet, dans toute société, à la fois porteuses et utilisatrices autant qu’elles contribuent à son renouvellement et à son réajustement. Les premiers intervenants sont, à cet égard, les jeunes, les tenants d’un nouveau mode de pensée, d’une nouvelle approche intellectuelle ou d’un rééquilibrage du mouvement de la société, ainsi que les citadins, par opposition aux populations rurales. L’auteur note que l’éducation joue un rôle important dans la reproduction du patrimoine. Une telle vérité, dit-il, s’applique à toutes les sociétés. De même, il estime que les moyens d’information de masse constituent les vaisseaux qui irriguent le corps social, dans les sociétés modernes, et jouent un rôle crucial, d’une grande complexité, au plan interrelationnel, en même temps que profondément significatif, dans la reproduction du patrimoine populaire. Ces moyens renouvellent, en effet, bien des images de la vie, dans le passé, qu’ils peuvent aussi bien ternir que revêtir d’une beauté et d’une splendeur inouïes.

De même les mass médias les plus importants, comme la télévision, la radio, le cinéma ou les bandes enregistrées jouent un rôle essentiel, dans ce domaine, dans la mesure où ils se font les réceptacles de toutes les productions populaires qu’ils recréent dans une forme nouvelle pour les diffuser auprès de leur vaste public, dans un travail de continuelle restitution culturelle. D’un autre côté, les moyens de communication collective, en particulier le théâtre, les téléfilms ou les films cinématographiques, restituent au public des auditeurs et des spectateurs bien des joyaux de la culture populaire, après les avoir soumis à leurs propres codes et, bien souvent, à des normes commerciales modernes, fondées sur les règles esthétiques les plus récentes. L’auteur considère le journal comme le plus ancien des moyens de communication de masse à contribuer à la reproduction de nombreux éléments du patrimoine populaire, en raison des aspects des cultures étrangères, des courants de la mode ou des coutumes des autres peuples qu’il offre au lecteur.

Cet apport est présenté au lecteur dans une forme qui peut contribuer à faire connaître, à diffuser et à populariser ces éléments venus des autres cultures. Il affirme, à cet égard, que la télévision constitue la nouvelle magie des temps modernes, cellelà même qui a subjugué tous les hommes, que beaucoup ont utilisée pour mystifier les peuples et les détourner des vrais problèmes et qui contribue aujourd’hui à l’emprise de la mondialisation, laquelle oeuvre à imposer la domination intellectuelle des pays avancés (dont la population ne représente que 5 à 7 % de la population mondiale) sur l’ensemble des autres peuples de la terre.

Mohamed Al Jawhary

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