Revue Spécialiséé Trimestrielle

Le Cadeau : Cadre De Référence Et Pratique )LE VILLAGE D E’DDAYA BAHREIN) COMME EXEMPLE

Issue 8
Le Cadeau : Cadre De Référence Et Pratique )LE VILLAGE D E’DDAYA BAHREIN) COMME EXEMPLE

L’enquête concerne essentiellement la région d’Eddaya dont les populations restent, à l’instar des autres villages du Bahreïn, très attachées aux coutumes et traditions ancestrales et continuent de célébrer l’ensemble des rites religieux, rites husseinites (en référence à Hussein ibn Ali, petit-fils du Prophète, qui est particulièrement révéré par les chiites) ou autres manifestations religieuses.

L’auteur s’attache à définir la notion de « cadeau » et à décrire les types de cadeaux en rapport avec les diverses circo nstances, en précisant les significations, croyances et finalités qui y sont liées. Partant de l’idée que le cadeau joue un rôle important dans la vie sociale de beaucoup de peuples, que leur mode de vie soit primitif ou évolué, et influe de façon indirecte sur l’interaction sociale entre les individus et les communautés, dans la mesure où il constitue l’un des facteurs essentiels de la préservation de la cohésion et de la solidarité sociales, l’auteur aboutit, au terme de sa réflexion, aux conclusions suivantes :

les échanges de cadeaux au sein d’une société augmentent, dès lors qu’il s’agit de proches, d’amis ou de membres de la famille, et diminuent lorsque les liens se distendent entre les membres de la société ;

les cadeaux renforcent les rapports et les liens sociaux et aident au maintien des relations entre les individus et les groupes sociaux ; les membres de la société restent très attachés à la tradition (sunna) du Prophète, en ce qui concerne l’acceptation et l’échange des cadeaux, ceux-ci étant le gage de la pérennité de la cohésion sociale ; la valeur du cadeau est étroitement liée au statut du destinataire : plus le lien affectif est fort plus coûteux sera le cadeau ; l’une

des circonstances où s’intensifie l ’ é c h a n g e des offrandes immatérielles (ou symboliques) est celle du décès (cadeaux du mort) ; l’un des cadeaux les plus fréquemment offerts, en particulier au cours des vacances d’été, est le voyage, notamment la visite aux lieux saints, l’auteur du cadeau en escomptant un « retour de bénédiction » ;

le processus d’échanges de cadeaux, dans l’environnement étudié, n’est pas en rapport avec le seul monde visible mais aussi avec le monde invisible ; la valeur accordée par le récipiendaire au cadeau reçu ne dépend pas du coût de ce cadeau mais de la qualité de la relation qu’il entretient avec l’auteur de l’offrande ;

le récipiendaire peut considérer cette offrande comme un geste d’orgueil (ou de fachar – présomption –, comme disent certains) surtout lorsque le cadeau est d’un prix exagérément élevé ou dépassant les capacités économiques aussi bien de la personne qui offre que de celle qui reçoit, la première essayant de faire croire qu’elle a les moyens de s’approvisionner en toute circonstance dans les endroits les plus chers et de suggérer que le récipiendaire est d’un niveau social inférieur au sien ;

mais, d’un autre côté, le cadeau est de nature à changer positivement le regard que pouvait porter le récipiendaire sur le donateur, à faire disparaître les rancoeurs et à renforcer les rapports entre les personnes. Le

savant o c c i d e n t a l M a r s h a l l Salins n’at- il pas dit : « Si les amis se font des c a d e a u x , ce sont les cadeaux qui font l’amitié. » ?

Khadija Al Moulani (Bahrein)

Revu par Nour El Houda Badis

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