Revue Spécialiséé Trimestrielle

RIEN N’EST VRAI, TOUT EST PERMIS Notes sur le jeu appelé La croyance des Haschischins

Issue 51
RIEN N’EST VRAI, TOUT EST PERMIS  Notes sur le jeu appelé La croyance des Haschischins

Abdelkader Aqil

Le jeu appelé La croyance des Haschischins est inspiré du roman historique ALAMUT de l’écrivain slovène Vladimir Bartol.

Les événements qui constituent la toile de fond de ce jeu s’échelonnent sur différentes périodes historiques au cours desquelles se sont déroulés des conflits opposant deux sociétés secrètes qui s’étaient formées au Moyen-âge en rapport avec les Croisades. La première est celle des Haschischins (Assassins) qui sont d’origine arabe ; et la seconde est celle des Chevaliers du Temple qui sont venus d’Europe.

La croyance des Haschischins commence en 2012 avec Desmond Miles, descendant d’une famille de Haschischins, qui est le héros du jeu. Desmond est né en 1987, il aspire à vivre une vie ordinaire dans le Dakota du Sud, à New York, loin de l’existence secrète des Haschischins. Mais ses projets sont complètement bouleversés par l’émergence d’une organisation qui a pris le nom de la société ABSTERGO INDUSTRIES. Celle-ci n’est en fait rien d’autre que le nouveau visage des Chevaliers du Temple (KNIGHTS TEMPLAR). Connaissant la véritable ascendance de Miles, elle va obliger le personnage à se servir de l’ANIMUS, un appareil capable d’imiter et de lire le souvenir des péripéties par lesquelles sont passés les ascendants de chaque individu à travers la mémoire génique codée qui figure dans son ADN. Cet appareil peut en outre extraire les souvenirs de l’un des ascendants maternels de ce héros, un personnage qui a vécu à l’époque de la Troisième Croisade et qui s’appelle Altair Ibn-La’Ahad. Ces souvenirs, l’organisation en a besoin pour connaître l’emplacement des pièces archéologiques appelées Pièces d’Eden dont Altair s’était emparé après avoir tué, au cours des Croisades, des chefs éminents parmi les Chevaliers du Temple. Ces pièces sont en effet capables de produire une puissante énergie permettant à leur possesseur de dominer les humains et de se rendre maître du destin de l’humanité en unifiant l’ensemble des hommes en une seule nation placée sous son autorité. 

Personnage imaginaire, Altair Ibn-La’Ahad (1165-1275) est l’une des figures centrales de la série La croyance des Haschischins. Il a vécu à l’époque de la Troisième Croisade. Sa mère qui était chrétienne, et son père qui était musulman furent l’un et l’autre assassinés. Sa mère avait perdu la vie, le jour même de sa naissance, son père avait été, lui, exécuté en 1176 par les Ayyoubides pour avoir désobéi à leurs ordres. Altair était alors dans sa onzième année, il avait fébrilement cherché à appeler son père quelques secondes avant cette mise à mort dont le spectacle allait lui causer une profonde affliction.

Altair rejoignit la confrérie des Haschischins à l’âge de vingt-quatre ans. Sa première mission consista en l’exécution d’un chef croisé qui tuait des innocents pour imposer sa loi à la ville de Saint-Jean d’Acre. Ses autres assassinats furent ensuite perpétrés pour l’essentiel dans trois villes : Jérusalem, Damas et Saint-Jean d’Acre.

Altair devint le guide de l’organisation des Haschischins après la disparition, en 1191, de son maître, Sinan ben Rached, qui était pour lui un second père. Il s’employa à renforcer cette organisation et à mettre en échec les complots des Chevaliers du Temple. 

Le jeu part de l’affirmation que la corruption rongeait les institutions religieuses à un degré qui dépassait les formes ordinaires de corruption, ce qui ne pouvait que conduire à la mort, à la ruine et en même temps à un surcroît de corruption. Le seul moyen de faire régner la paix sur terre était de tuer les ennemis, ce qui exigeait que des hommes d’une parfaite loyauté obéissent aveuglément à leur chef.

Dans les volets suivants de La croyance des Haschischins, le héros du jeu passe d’une époque à une autre, allant de l’âge de la Renaissance européenne à la Guerre de l’Indépendance américaine, puis au milieu du XVIIIe siècle avec la Guerre de Sept ans, à la Révolution française, à la révolution industrielle… Il fait ainsi la rencontre de personnages historiques, comme Machiavel, George Washington, Benjamin Franklin, Charles Lee et bien d’autres… 

Il n’y a pas dans La croyance des Haschischins de véritable héros, et rien en fait n’est vrai. Les personnages commettent des actes effroyables parce que tout est permis, ils sont au-delà du bien et du mal, de la vérité et de l’erreur.

 Hollywood est constamment à la recherche d’idées nouvelles, de trouvailles ingénieuses comme de réajuster, de reconstruire, voire de manipuler la mémoire des hommes, comme ce fut le cas avec des films tels que INCEPTION ou TOTAL RECALL ou des jeux vidéo comme La   des Haschischins. Mais pouvons-nous dire que l’appareil appelé dans ce jeu ANIMUS est un développement de la théorie de l’inconscient collectif formulée par Ernst Jung qui dépasse la chronologie de la vie humaine et nous ramène à un lointain passé, soit à l’intellect de nos ancêtres inconnus, à leur façon de penser, de sentir, à leur expérience de la vie, du monde, du divin, des hommes… ? 

La science n’a pas confirmé les idées de Jung sur le mythe et la formation de l’inconscient collectif, pas plus qu’elle n’a validé l’hypothèse de cette part obscure liée à la raison intérieure collective. Peut-être alors faut-il considérer ANIMUS comme l’une des manifestations de la théorie des univers multiples, que l’on appelle également ‘’univers parallèles’’, et qui dit que l’univers dans lequel nous vivons n’est pas le seul, mais qu’il existe de nombreux autres univers recelant d’autres formes de vie, nous-mêmes n’étant qu’un petit rameau de ce grand arbre ?  Cette théorie pourrait être recevable d’un point de vue théorique, mais jusqu’à présent aucune preuve tangible n’est venue la valider scientifiquement.

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