LA LITTERATURE POPULAIRE A L’EPOQUE DES MAMELOUKS L’EXEMPLE DU ZAJAL
Issue 30
Le zajal fait partie des arts les plus répandus dans les milieux populaires. Né en Andalousie, il a prospéré, par la suite, au sein d’autres contrées arabes comme l’Egypte ou le pays de Cham (Syrie), épousant l’esprit et les exigences de l’époque. Les poètes l’ont repris dans leurs œuvres en le développant et en l’adaptant à d’autres thématiques.
L’auteur étudie la naissance, le développement et les principales raisons de l’efflorescence de cet art, à l’époque des Mamelouks, qui fut celle de la domination sur l’Orient arabe des Mongols et des anciens esclaves dits mamelouks, qui avaient, tous, du mal à maîtriser la langue arabe, ce qui donna aux poètes une opportunité pour tenter de recouvrer leur statut parmi les classes dirigeantes.
L’auteur s’arrête ensuite sur les principaux thèmes abordés par ces poètes, tels que la galanterie, la description, les axiomes et sentences ainsi que les préceptes de la sagesse, le panégyrique, la déploration… Elle consacre d’assez longs développements à la galanterie, en raison de la place centrale que ce thème occupe chez les auteurs de zajal. Un rôle important est également accordé aux mètres de cette poésie dont l’auteur montre qu’ils sont d’une complexité quasi-infinie.
D’autres arts ont également vu le jour, à l’époque mamelouke, qui, au vu de leur contenu, peuvent être rangés dans la catégorie du zajal, tels que le qouma, le ken ken, le beliq, etc… L’auteur ne s’y attarde pas, mais elle signale le succès qu’ils ont connu à cette époque et la multiplicité des mètres qui y sont utilisés et qui exigeraient une étude à part.
L’auteur se fonde dans son étude sur une approche plurielle qui prend en compte la naissance, l’historique, la typologie des genres abordés par les poètes les plus célèbres de cette époque.
Le zajal est indissociable du milieu culturel andalou où il est né avant d’être transmis à d’autres milieux arabes. Inventé à l’époque andalouse, sans que les sources n’attestent le nom de son créateur, ce genre poétique n’en reste pas moins lié, de l’avis unanime des historiens, au nom d’Ibn Qozman qui fut le premier à en codifier les règles.
On pourrait classer le zajal en deux catégories : le zajal commun et le zajal en arabe littéral. La première est représentée par « la chanson populaire courante » qui, née d’expériences personnelles ou de situations précises d’ordre privé ou public, est reprise par le grand public et connaît une large diffusion, reflétant dès lors les attitudes et les croyances des gens aussi bien que leur éthique et leur mentalité. Pour la deuxième catégorie, le zajal en arabe littéral qui est venu après le premier, ce type chanson témoigne de l’ambition des poètes de donner la plus large diffusion à leur art, notamment parmi l’élite éduquée dont ils cherchaient à cultiver l’amitié en l’intéressant à des « domaines inédits » de la création poétique.
Cette efflorescence du zajal s’explique, historiquement, par la mainmise des berbères almohades sur le nord de l’Afrique et l’Andalousie et celle des Mongols et des Mamelouks sur l’Orient arabe.
Nejia Fayez Al Hammoud
Palestine