Revue Spécialiséé Trimestrielle

REGARDS SUR LES JEUX D’ENFANTS AU MAROC

Issue 26
REGARDS SUR LES JEUX D’ENFANTS AU MAROC

Les jeux occupent une place aussi importante dans la vie de l’enfant que les autres activités tels que l’école, la nourriture, l’habillement, etc. qui jouent également un rôle essentiel dans la formation de sa personnalité et contribuent à le préparer à jouer les rôles que l’avenir lui réserve. Certains spécialistes vont jusqu’à affirmer que les activités ludiques sont aussi nécessaires au bon développement de l’enfant que l’air pur, les rayons du soleil, l’eau potable, la nourriture ou le sommeil. Le jeu permet en effet à l’enfant de donner libre cours à ses élans naturels ; il permet également à l’éducateur de lui inculquer des connaissances mais aussi des vertus tels que la maîtrise de soi, l’audace, la volonté ou le courage.

 

Toute privation ou lacune dans ce domaine ne peut qu’avoir des conséquences négatives sur l’enfant. Mais laisser le jeu envahir son quotidien et occuper une place disproportionnée dans sa vie est tout aussi négatif. La solution devrait consister à trouver le juste équilibre en lui offrant les moyens de se livrer de façon raisonnable à ses jeux favoris mais sans que cela empiète sur les autres activités qui sont également nécessaires à son existence. C’est en veillant à cet équilibre que l’on protègera sans doute l’enfant contre les abus et le laisser-aller.

Les chercheurs qui se sont intéressés à la question ont certainement noté que les activités ludiques des enfants n’ont pas vraiment retenu l’attention des historiens arabes. On trouve certes, ici et là, des allusions, du reste difficiles à exploiter, ou alors un petit nombre d’écrits guère plus longs que de brèves épîtres, mais cela va rarement plus loin. Un tel déficit pourrait s’expliquer par le fait que les savants arabes qui se sont intéressés à l’éducation de l’enfant se sont concentrés, pour l’essentiel, sur l’enseignement, considérant le jeu comme un penchant naturel auquel l’enfant cède dès qu’il commence à faire ses premiers pas – un besoin inné qui n’exige ni encadrement ni apprentissage.

Forts de cette conviction, les éducateurs se sont surtout occupés des acquis liés à l’éducation et à l’école tels que la lecture, l’écriture, la récitation, le civisme ou la religion. Le plus souvent la question du jeu n’est abordée que de façon fortuite, à travers des allusions qui relèvent, dans la plupart des cas, de la mise en garde contre les excès et de l’insistance sur les limites à imposer à l’enfant pour qu’il ne se détourne pas de la discipline et des activités « sérieuses » qui détermineront les étapes à venir de son existence et pour que les activités ludiques ne continuent pas à occuper une place trop importante jusqu’à un âge où l’enfance « devrait » se terminer.

Rachid Al Aafaki
Maroc

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