Revue Spécialiséé Trimestrielle

Le N abati un genre poétique

Issue 1
Le N abati un genre poétique

Ali Abdulla Khalifa

Le chercheur étudie la genèse de la poésie Nabati
et se fait l'écho des rares spécialistes qui se consacrent à cette forme d'expression pratiquée dans tout le désert arabique et les régions avoisinantes, s'interrogeant sur le fait de savoir dans quelle mesure cette forme .poétique peut être considérée comme un art populaire

S'il est convenu que la poésie populaire est une expression spontanée de la sensibilité des classes les moins favorisées, cette
définition qui peut convenir à toutes les formes d'expressions populaires au Golfe, pose problème quand on l'applique à la poésie Nabati.
En effet, une large partie de cette poésie n'est pas anonyme et ses auteurs se recrutent dans toutes les classes sociales, puisqu'elle est pratiquée aussi bien par les princes que par les plus démunis.

S'il est de tradition de voir les plus nantis délaisser par orgueil et par souci de distinction toutes les formes de culture populaire, la pratique de la poésie Nabati a été tout au contraire toujours considérée par les princes comme source de fierté, et ils n'ont eu de cesse, de soutenir les poètes et de les entourer de leur sollicitude.

Le chercheur envisage la poesie Nabati comme un refuge pour une expression de la parole publique spécifique à l'espace Bédouin, permettant ainsi d'étudier les différents aspects de la vie des gens et de leur environnement.

De grands poètes ont pu émerger, et de grands récitants et troubadours ont favorisé sa diffusion et sa conservation et ont permis de rapprocher la poésie N abati des gens, sur lesquels cette forme d expression poétique avait acquis une telle influence, qu'un seul poème de Mohamed Ibn Abdallh Al Ouni décédé en 1342 de l'hégire, consacré au récit d'une chamelle ayant égaré son chamelon, pouvait susciter une guerre entre tribus.
Le chercheur considère que le rôle et l'influence de la poésie Nabati sont comparables au rôle de la poésie arabe de l'ère antéislamique (Jahiliya), et il n'est pas loin d'affirmer que la poésie Nabati est l'image la plus vraie de la littérature arabe antéislamique.

Etudiant les mélodies et la métrique de la poésie N abati, le chercheur remarque qu'elle utilise largement la même métrique que la poésie Arabe classique codifiée par Al Khalil Ibn Ahmed, tout en se libérant de la grammaire classique.

Le chercheur explique cette conformité, non pas par le fait que les poètes fondateurs du genre N abati ont repris la métrique telle que codifiée par Al Khalil, mais parce que les poètes N abati comme les poètes arabes avant Al Khalil, sont inspirés par le même environnement bédouin qui a généré la métrique codifiée par Al Khalil.

La relation entre la poésie N abati et la chanson a été également étudiée par le chercheur qui remarque que cette poésie est dite pour être chantée, accompagnée du rababa dans les majliss (réunions), les veillées et dans les palais des princes ainsi que sur les champs de batailles à dos de chameau ou de chevaux.

L'auteur aborde les différents genres de Nabati, promus par de grandes figures de la poésie tels que Mohssen Hazani et Mohamed Ibn Layoun et Abdallh Al Faraj qui ont donné à la poésie Nabati toute sa souplesse et y ont introduit de légers changements en diversifiant les rimes. Ils ont également contribué à une plus large diffusion de cette poésie qui a touché les villes après avoir été longuement confinée au monde Bédouin.
L'auteur appelle à la collecte, à la transcription et à la conservation de la poésie N abati dont une partie est perdue ou altérée.
 
Il formule des critiques sur la manière dont les médias modernes présentent la poésie N abati dans sa version authentique qui remonte à cinq siècles auparavant, et destinée à une génération contemporaine fortement urbaine et ignorante de la langue bédouine, contribuant ainsi à son incompréhension.

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