L’APPEL SERA-T-IL ENTENDU ?
Issue 23
Deux grandes organisations sont actives sur la scène mondiale, dans le domaine des arts populaires. Il s’agit de deux ONG qui relèvent de l’UNESCO qui ont, l’une et l’autre, plus de trente années d’existence. Elles ont pour membres aussi bien des individus que des troupes d’arts populaires ou des institutions culturelles. L’une s’appelle Suyuf (Epées), l’autre L’Organisation Internationale de l’Art Populaire. Quand on sait que ces institutions regroupent des ensembles et des blocs se réclamant des innombrables courants et écoles artistiques ou scientifiques, et quand on voit que les cinq continents, ainsi que les différentes régions, races et ethnies du monde y sont représentés, on ne peut que regretter que la partie arabe y fasse si pâle figure : faible contribution, présence irrégulière et en rangs dispersés, pas d’identité affirmée, aucun leadership digne de ce nom – toutes carences qui ne peuvent que priver l’ensemble du monde arabe d’acquis artistiques et intellectuels qui ont leur importance dans les domaines concernés.
LA CULTURE POPULAIRE a eu la chance, au cours de ses six années d’existence, de développer, au plan logistique, une coopération suivie avec L’Organisation Internationale de l’Art Populaire, ce qui lui a permis d’être constamment en contact avec l’ensemble des sections de cette Organisation qui sont réparties sur 161 pays, à travers le monde, sans parler des membres de cette Organisation Internationale qui se comptent par milliers. C’est là un privilège dont nous sommes fiers et une base de coopération que nous œuvrons à renforcer afin de transmettre au monde le message du patrimoine culturel bahreïni.
Or, chaque fois que le Conseil d’administration de la revue prend connaissance des avancées de la coopération avec L’Organisation Internationale de l’Art Populaire, qu’il s’agisse de l’ouverture de lignes de communication avec des régions toujours plus éloignées sur la carte du monde ou de l’établissement de contacts suivis avec des savants et des spécialistes, des lacunes et des flottements apparaissent, dès lors qu’il s’agit de mettre en place des canaux de communication fiables et réguliers avec certains points éloignés de la carte du monde arabe. Ces problèmes perdurent malgré les efforts déployés par la Direction de la distribution et le soutien des volontaires et des personnes engagées qui voient que LA CULTURE POPULAIRE est en soi un message incontournable en direction de tous les citoyens arabes concernés par la question.
Combien de fois nous sommes-nous interrogés sur les raisons qui ont fait que la volonté des responsables et spécialistes de la culture populaire n’a toujours pas abouti à un consensus autour de la création d’une Organisation ou d’un grand organisme arabe regroupant l’ensemble des associations, clubs, institutions et individus œuvrant dans ce domaine, de sorte que les efforts soient réunis et qu’un bloc arabe se constitue qui serait plus écouté et bénéficierait d’un statut privilégié dans les forums de la culture populaire mondiale ?
Cette interrogation fut à la base de l’appel à unifier les efforts au niveau de l’action menée au service de la culture populaire arabe que nous avons lancé, en accord avec le Dr. Ahmed Ali Morsi, Président de l’Association égyptienne des arts populaire, dans le cadre de l’allocution présentée à l’ouverture du Quatrième Symposium sur les œuvres populaires organisé en 2009 par le Comité des arts populaires relevant du Conseil supérieur de la culture de la République Arabe d’Egypte, allocution que j’ai eu personnellement l’honneur de prononcer, dans la matinée du mercredi 28 Octobre de cette année-là. Cet appel a suscité un débat entre les spécialistes qui s’est poursuivi jusqu’à ce que la Conférence mondiale, organisée, l’an dernier, au Bahreïn, par LA CULTURE POPULAIRE, débouche sur la création de l’Observatoire arabe de la culture populaire, un projet témoignant d’une ambition arabe qui va dans le sens du processus que nous évoquions. Si la conjoncture arabe n’a pas permis, à ce moment-là, de répondre concrètement à notre appel, et que la situation actuelle semble encore moins propice, en raison des événements et des fractures qui ébranlent la région, le fait est que nous avons plus que jamais besoin de resserrer nos rangs et de parler d’une seule voix.
Il ne nous reste, donc, à présent, qu’à engager les premières actions et à nous mobiliser pour remplir cette mission avec toute la sagacité et l’objectivité qui s’imposent… L’appel sera-t-il entendu ?
Ali Abdulla Khalifa