Revue Spécialiséé Trimestrielle

LE CONTE POPULAIRE L’ORIGINE ET LE JEU DES MASQUES Etude sur l’identité du texte

Issue 17
LE CONTE POPULAIRE L’ORIGINE ET LE JEU DES MASQUES Etude sur l’identité du texte

Abbas Abdelhalim Abbas ( Jordanie )

Incontournable dans le cas de la geste populaire, la question des sources historiques n’a pas lieu d’être posée lorsqu’il s’agit de conte populaire. Ce type de récit met en effet en scène des héros légendaires et des figures mythiques relevant de l’imaginaire d’un peuple donné.

« Tout peuple cueille ses contes sur l’une ou l’autre des branches de son arbre à récits, lesquelles branches appartiennent toutes à un arbre gigantesque, nourri de la sève d’un patrimoine populaire où l’on relève de grandes ressemblances, d’un lieu du monde à un autre. On peut dire, au fond, que le mot peuple désigne l’homme, où qu’il se trouve, sans précision de lieu ni d’origine. »

D’un autre côté, « le conte populaire constitue un domaine des plus fertiles pour les études comparées qui visent à en découvrir l’origine, le développement, la circulation dans l’espace et le temps, et à mettre en évidence ses spécificités techniques, ses constituants propres, ainsi que les énigmes qu’il recèle et tous les autres caractères qui le distinguent des autres genres littéraires. »

Les chercheurs qui travaillent sur le conte populaire disposent d’un vaste patrimoine d’études comparées couvrant des champs de recherche voisins, tels que ceux des religions comparées, de l’histoire ou de la littérature comparée, dont ils peuvent tirer de grands profits, notamment là où de grandes avancées méthodologiques ont été réalisées. Ainsi, de vastes domaines sont-ils ouverts à des études scientifiques approfondies susceptibles de déboucher sur des propositions théoriques et des applications pratiques, qu’il s’agisse de recherches sur les sources ou de solutions à apporter au problème de l’archivage de ces récits.

 

Il reste que la collecte et l’archivage ne peuvent atteindre leur objectif qu’en se fondant sur des bases scientifiques propres à déterminer de façon rigoureuse l’identité, l’appartenance véritable et l’origine historique et géographique de la matière patrimoniale. Or, même si quelques pays arabes disposent d’une bonne expérience en ce qui concerne l’archivage de leur patrimoine – un  archivage qui a fait l’objet, dans certains cas, d’un effort d’informatisation et de de numérisation –, il semble que l’intérêt de ces pays se soit généralement concentré sur l’héritage matériel – habits, outils, ustensiles, etc. –, et que les autres domaines, tel que le patrimoine immatériel, et notamment le conte populaire, aient été quelque peu délaissés.

Il va sans dire que le conte populaire est un miroir fidèle de la société dans laquelle il a vu le jour et dont il reflète les différents aspects, humains, intellectuels, religieux, à tel ou tel moment de son histoire. On constate qu’un nombre important de contes populaires se disputent diverses appartenances. Ainsi, pour prendre un exemple, le conte Layla et le loup – Le petit chaperon rouge – se rencontre dans plus d’un endroit du monde, et cela est vrai pour bien d’autres contes populaires. Et c’est là que se pose en toute logique la question, ô combien épineuse ! des origines et de l’archivage du conte populaire.

Il semble y avoir de grandes disparités entre les théories développées sur cette question, qu’il s’agisse des données ou des preuves scientifiques qui sont prises en compte. Certaines de ces théories reposent en fait sur des interprétations et des opinions  personnelles ; d’autres donnent l’impression de privilégier des éléments d’approche plus rationnels ; d’autres encore se fondent sur des idées aussi générales que vagues, alors que, pour quelques auteurs, on peut noter un certain effort de rigueur et de précision.

On pourra, s’agissant d’une question aussi complexe, tirer profit des études stylistiques et anthropologiques, des théories de l’oral et de l’écrit, des avancées de la narratologie et des sciences historiques tout autant que de la philologie afin de parvenir à des réponses toujours plus proches des exigences de la logique et d’ouvrir sur de nouvelles découvertes aussi bien dans le domaine des enquêtes sur l’origine des contes populaires que dans celui de la résolution du problème de leur archivage. 

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