Revue Spécialiséé Trimestrielle

LE RÔLE DE LA CULTURE POPULAIRE DANS LA CONSTRUCTION DU TEXTE ROMANESQUE

Issue 65
LE RÔLE DE LA CULTURE POPULAIRE  DANS LA CONSTRUCTION DU TEXTE ROMANESQUE

Bouchaib Essaouri. Maroc

 

Partout dans le monde, la littérature est en rapport étroit avec la culture orale, ainsi qu’en témoignent les enquêtes littéraires. Cette culture peut même être à la base de la vision artistique de certains textes, comme c’est notamment le cas pour les romans fondés sur une vision postcoloniale. 

L’auteur essaie dans cette étude d’examiner certains éléments du patrimoine oral dans deux romans relevant de l’ère postcoloniale : le premier s’intitule Kesbane Hitta (Posséder un arpent, 2006), du romancier égyptien Feu Foued Qindyl ; le deuxième Zerriat el bled (Les Graines du pays, 2004) du Marocain El Habib Eddayim Rabbi.

L’étude porte sur la façon dont les deux écrivains intègrent des éléments fondamentaux de la culture orale à la construction de leur texte – contes, proverbes, sobriquets, dialogues, anecdotes, récits fantastiques, mythes et légendes, biographies, moralités, sans oublier la langue elle-même avec toutes les richesses de la culture populaire dont elle est porteuse et qui témoignent, ici, de l’orientation postcoloniale du texte romanesque.

L’auteur vise à montrer le lien profond qui existe entre ce type de texte et la culture populaire en mettant l’accent sur certains aspects de la culture locale qui ont joué un rôle essentiel dans la production du roman, et en soulignant la façon dont chacun des deux romanciers a intégré à son texte divers aspects du patrimoine culturel populaire qui est le sien. 

Or, même si ces deux récits s’inscrivent dans la mouvance postcoloniale qui, d’un côté, privilégie le local sur l’universel et la périphérie sur le centre et, de l’autre,   se réfère de façon essentielle à la culture orale, ils sont différents par leur forme et leur vision artistique. Dans son roman, Posséder un arpent, l’Égyptien Foued Qindyl a puisé dans la culture populaire de son pays, en imaginant un dialogue tout en oppositions entre le roman et la Sîra (épopée) populaire qu’il a intégrée à son imaginaire. Pour Les Graines du pays, le Marocain El Habib Eddayim Rabbi s’est inspiré de la culture locale populaire de la région de Doukkala (Maroc) en faisant de l’oralité un élément structurant essentiel de son récit, exploitant les ressources fournies par le dialecte du pays en harmonie avec la structure ouverte d’un genre romanesque en devenir.

 

Toute Issues