Revue Spécialiséé Trimestrielle

Les cérémonies particulières au pays des Touaregs : le cas de l'oasis de Janet

Issue 1
Les cérémonies particulières au pays des Touaregs : le cas de l'oasis de Janet

Meriem Bouzid, Algérie.

Cette recherche porte sur les cérémonies populaires chez les Touaregs urbanisés qui se donnent pour nom Kil Agrom, (Kil: le peuple de, Agrom : le palais), peuplant la région de Janet, un des oasis les plus importants de l'extrême sud-est de l'Algérie situé à 2300 Km de la capitale Alger.

Cette cérémonie synthétise l'histoire sociale, économique et culturelle de ces groupes et transmet l'histoire de l'habillement, des bijoux, de la consommation, des rapports sociaux ainsi que des alliances familiales et politiques.

La région abrite trois palais anciens habités chacun par des groupes rivaux aux origines distinctes. Même les groupes habitant un même palais entretiennent des relations conflictuelles, vu leurs affiliations tribales ; matérialisées par des symboles gravés sur leurs chameaux, ainsi que dans la mémoire des gens, marquée par la souffrance.

La recherche démontre que les cérémonies particulières au Maghreb illustrent de manière éclectique les étapes majeures du dogme de l'unicité de Dieu. Ainsi les habitants de Kil Janet reproduisent dans leurs cérémonies la victoire du prophète Moise sur le Pharaon, alors que les habitants de Marrakech comme.

ceux de Ouarzazate rendent hommage au prophète Abraham sorti saint, de l'autodafé des mécréants.
Les cérémonies pratiquées par les habitants de Janet revendiquent également une filiation supposée ou réelle avec l'Egypte ancienne symbolisées par le mythe des origines ainsi que par la représentation des origines de l'agriculture.
 
La recherche décrit le rite cérémonial de Sabiba, basé sur la compétition entre deux groupes appartenant aux palais de Zelouaz et d'Al Mizan . En effet, dans une des scènes illustrées par le rite Tenfar au cours desquelles chaque groupe essaye de prendre le palais du groupe rival.

L'auteur soutient que contrairement aux analyses des œuvres coloniales qui ont vu dans ces cérémonies un désir de licence et de désordre, ces cérémonies sont l'expression de l'exigence du règne de l'ordre et de la norme.

La recherche mentionne la complexité polysémique des cérémonies , révélant une identité qui différentie les touaregs des palais, ce peuple d'urbains devant composer avec les sables mouvants du désert, du reste des bédouins.

Ces cérémonies sont l'expression symbolique d'une histoire locale et universelle qui emprunte des récits religieux anciens comme la victoire du prophète Moise sur le Pharaon, les périples d'Abraham au pays des mécréants.

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