Revue Spécialiséé Trimestrielle

METHODOLOGIE DE L’ARCHIVAGE DE LA MATIERE FOLKLORIQUE

Issue 7
METHODOLOGIE DE L’ARCHIVAGE DE LA MATIERE FOLKLORIQUE

L a situation de la recherche sur le folklore arabe, telle qu’elle s’est développée du début de la première moitié du XXe siècle jusqu’à nos jours, montre que nous sommes arrivés à une certaine stabilité en ce qui concerne les méthodes de recherche et de collecte sur le terrain. Nous disposons ainsi d’indicateurs pour ce type de collecte qui se distinguent de ceux utilisés dans les autres sciences.

Nous avons également tiré profit des méthodes d’observation, d’observation associée ou par confrontation ainsi que des autres techniques de la recherche en anthropologie que nous avons appliquées au folklore. Nous pouvons même dire que nous disposons à présent d’une méthodologie multidimensionnelle appelée méthodologie pour le folklore qui étudie cette matière à travers les différentes approches historique, géographique, sociologique et psychologique. Nous pouvons donc recourir à des instruments et à des techniques d’analyse qui ont été expérimentés depuis des dizaines d’années et dont les résultats sont attestés. La recherche en folklore a également mis en pratique des théories de la recherche et de l’analyse tels que le fonctionnalisme, la théorie des univers folkloriques, de la transition, de la reproduction, etc.

Ces avancées accomplies par les spécialistes arabes du folklore s’expliquent par le fait que cette science est étroitement liée à l’anthropologie, pour ne pas dire, comme certains n’hésitent pas à le faire, qu’elle en constitue l’une des branches. Quant à l’archivage et au classement de la matière folklorique, ils constituent des opérations en rapport avec les sciences de la documentation, de l’information et de la bibliothéconomie. Les chercheurs sur le terrain n’ont pas eu à affronter ces tâches ardues, et l’on comprend, dès lors, que leur perception de ce qui est leur objet d’étude n’a pas toujours trouvé à s’appuyer sur les méthodes scientifiques de documentation et d’information, dans le domaine de l’archivage du patrimoine populaire.

Peut-être avons-nous besoin, aujourd’hui bien plus que par le passé, d’archiver la matière folklorique. L’âge de l’information dans lequel nous sommes entrés a en effet vu naître et se développer un puissant courant mondial qui impose à ceux qui travaillent dans le domaine des sciences humaines d’entretenir des contacts avec leurs homologues, partout dans le monde, et d’échanger la matière que chacun a collectée de son côté sur le terrain, en vue de faire avancer la recherche, dans une perspective comparatiste.

De même, les instruments d’enregistrement vocal, photographique ou filmique sont-ils devenus plus répandus, plus précis et moins coûteux. C’est, du reste, cela qui a conduit les anthropologues américains à promouvoir, dès la fin des années 90, une méthode de collecte et d’enregistrement qu’ils ont appelée l’« anthropologie in situ » et qui est de nature à encourager les informateurs à collecter par eux-mêmes leur matière et à enregistrer leur culture par l’image, selon une vision qui leur soit propre. Ainsi les avancées méthodologiques vont de pair avec les progrès stupéfiants de la technologie qui nous imposent, chaque jour, de nouvelles inventions dans le domaine des multimédias.

L’auteur souligne que la science de l’information est liée à trois principales approches méthodologiques qui peuvent être appliquées à la science du folklore, de manière à définir une approche solide en matière de documentation : la science de la classification, la science du prélèvement et la science des trésors de la mémoire.

Il en déduit que l’archivage de la matière folklorique a besoin d’une méthodologie unifiée, afin d’éviter le double emploi et que les chercheurs soient en mesure de mettre en place un système propre à conserver la mémoire arabe ; ce système devrait se fonder sur les trois axes suivants : · Une rubrique principale unifiée portant un numéro et basée sur un instrument principal, tel que le trésor du folklore. · Elaboration et synthèse de la matière recueillie sur le terrain, au moyen d’une méthodologie également unifiée, de sorte que cette matière puisse être reconstituée et analysée.

· Une grande base de données susceptible de recueillir cette matière au moyen des multimédias mis à sa disposition. L’auteur estime que ce « rêve anthropologique » commence à devenir réalité, du moins sur le plan local, et qu’il convient, à présent, d’oeuvrer à sa réalisation à l’échelon arabe. Il reste donc à former les chercheurs à l’utilisation de ces instruments, de manière à ce que « nous puissions nous doter d’archives scientifiques fondées sur une approche méthodologique concertée. »

Mustapha Gad - EGYPTE

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