Revue Spécialiséé Trimestrielle

EL ‘ATIF DANS LA CULTURE POPULAIRE YÉMÉNITE

Issue 61
EL ‘ATIF DANS LA CULTURE POPULAIRE YÉMÉNITE

Dr Abdu Mansur Al Mahmudy

Yémen

L’emploi oral dans la culture populaire yéménite du nom el ‘atif renvoie à cette hache qui sert à tailler les branches des arbres. C’est la plus petite et la plus acérée des haches, on l’utilise pour couper les arbrisseaux et tailler les branches des grands arbres qui serviront pour certaines à allumer le feu. El ‘atif peut également se transformer en arme. Le pluriel du mot est ‘itwef selon la construction yéménite du pluriel lorsqu’il s’agit de noms de type fa’il (‘atif).

L’étude porte sur les occurrences de ce mot – el ‘atif – dans le parler yéménite, tout en mettant l’accent sur les emplois dans les districts voisins de Mawia et d’Al Hacha, sur le statut de l’objet nommé el ‘atif et sur les formes sonores de ce matériau linguistique, tel qu’il figure dans les échanges oraux à l’intérieur de cette zone géographique et des zones voisines où le même type de dialecte est en usage.

L’auteur a suivi pour cette étude la méthode descriptive-analytique. Il a collecté sa matière dans le parler oral lié aux manifestations de la vie paysanne dans la communauté étudiée. Il s’est également appuyé sur les outils qui pouvaient servir à son approche descriptive, comme l’observation ou l’écoute directe que lui avaient permis son séjour dans une région située au cœur de la zone géographique indiquée.

La structure de l’étude repose sur divers axes, à commencer par le rapport signifiant entre le nom de l’objet (el ‘atif) et sa fonction, laquelle est détaillée dans l’étude, qu’il s’agisse de la fabrication de l’objet, des équipements utilisés à cet effet ou des formules orales où le mot est employé. L’auteur s’arrête également sur des formes lexicales attestées dans le discours oral dont la racine renvoie à ce nom. Dans sa conclusion, il cite les principaux résultats auxquels son enquête a abouti.

L’étude explique le rapport sémantique entre le mot el ‘atif et sa fonction, en faisant le lien entre ses significations et les gestes qu’il induit dans la pratique et où l’on voit que la fonction de l’objet se répartit sur deux axes : sa fonction principale – une hache servant à couper branches et branchages – et sa fonction secondaire – une arme de poing. La fonction principale était celle qui prévalait dans la société yéménite en tant que cette hache servait à la vie des gens puisqu’elle permettait, entre autres, de nourrir le bétail en taillant dans le vert feuillage des lotus.

L’étude énumère également les différentes étapes de la fabrication et de la finition d’el ‘atif en partant du travail sur le morceau de métal pour arriver à la fixation du bras en bois qui le rend opérationnel, non sans être passée par l’affûtage que nécessite de temps à autre la lame ébréchée par l’usage intensif.

L’étude s’arrête également sur la place de choix qu’occupe el ‘atif chez les Yéménites à travers la revue des emplois oraux que l’on relève dans bien des formules renvoyant à la menace ou à la mise en garde. Dans le même contexte, l’auteur met en exergue nombre de mots extraits de la racine el ‘atif qui se rencontrent dans l’usage dialectal. Ces mots renvoient à des significations spécifiques, tels que la forte douleur que l’on inflige ou l’affinement esthétique ou encore la contrainte, l’assujettissement, la distraction, la faim, etc.

L’étude souligne, en outre, les particularités linguistiques du dialecte yéménite telles qu’elles apparaissent dans les occurrences orales où figure le mot el ‘atif. Un parallélisme a été à cet égard établi entre ces particularités et leurs équivalents en arabe littéral, mettant en valeur les points d’accord et les différences entre les deux systèmes linguistiques.

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