Revue Spécialiséé Trimestrielle

LA DANSE POPULAIRE FOLKLORIQUE À ADRAR (TOUAT) LA DANSE DE KARKABOU COMME MODELE

Issue 55
LA DANSE POPULAIRE FOLKLORIQUE À ADRAR (TOUAT) LA DANSE DE KARKABOU COMME MODELE

Pr Naïma ben Elcherif

Université Mouloud Mammeri

Tizi Ouzou. Algérie

La danse populaire est considérée comme une manifestation folklorique. Elle constitue depuis les temps anciens une sorte de soupape qui permet aux gens d’exprimer le désir de se libérer des épreuves de la vie en se défoulant et en se débarrassant de bien des maux pour vivre des moments de joie et de liesse collective. La danse est à la fois une activité et une pratique qui ont toujours été présentes dans les fêtes, les cérémonies et les célébrations, et que l’on a su conserver en les transmettant aux générations suivantes.

La danse est considérée comme un art des plus inventifs et un don naturel qui distingue l’être humain des autres êtres vivants. Chaque sentiment s’y trouve concrétisé par des mouvements et s’exprime à travers les élans et les inspirations du corps, de manière à instaurer une chorégraphie qui se meut à l’intérieur d’une sphère de sensations qui en définissent le rythme. C’est ce rythme autour duquel s’organisent les danses qui en garantit la pérennité sur de longues périodes, même si les danses folkloriques populaires s’accompagnent d’instruments simples façonnés à la main et que l’on a conservés pour leur valeur patrimoniale et l’art avec lequel la tradition s’y manifeste. 

L’histoire de la danse populaire – au sens général du terme – est celle de la vie de la nation au sein de laquelle cet art a vu le jour. La danse est en effet le reflet du mode de vie, des coutumes et de la culture d’une nation. En remontant aux époques lointaines, nous découvrons que les danses populaires étaient liées au travail des hommes, tout en constituant un reflet de leur vision des choses ou de l’idée qu’ils se faisaient du monde qui les environnait. 

Nous pouvons dire à cet égard que, de façon générale, les mouvements du corps représentaient les péripéties de la chasse aux animaux ou les gestes du laboureur ou encore le doux balancement par lequel on endort les petits. L’innéité qui caractérise chacune de ces actions permet de comprendre la fonction de la danse autant qu’elle nous donne une indication sur les événements que cet art veut décrire.

La danse populaire est de façon générale créée par les hommes autant qu’elle est produite par la vie elle-même. Elle émane des activités de hommes dont elle reflète les travaux et les jours, les fêtes, les célébrations et les rites qu’ils accomplissent. Plus encore, elle est le miroir où se reflètent leur histoire, les conditions naturelles de leur existence autant que leurs coutumes privées et sociales. En remontant jusqu’aux âges les plus primitifs et les plus barbares, nous voyons que la danse met de la joie dans l’âme des gens, que les gens eux-mêmes voient leurs récoltes croître et se développer lorsqu’ils se livrent à la danse alors qu’en échouant à pratiquer cet art leurs récoltes en pâtissent autant que diminue le produit de la chasse, de la pêche ou de toute autre activité. En c’est alors, en un mot comme en deux, que la misère et la famine commencent à frapper à leur porte.

Les anciens Égyptiens ne manquaient jamais de célébrer par la danse leurs cérémonies, car ils considéraient cet exercice comme l’expression naturelle de la joie. Les agriculteurs avaient, eux, coutume de présenter en offrande leurs premières récoltes aux divinités tutélaires de leur ville. La danse accompagnait alors les festivités organisées pour célébrer leurs Dieux. Certaines tribus de l’Inde accomplissaient des danses rituelles pour faire avancer les premières pluies du printemps. Les danses de la guerre et de la chasse n’en différent pas qui portent dans les deux cas des valeurs magiques. 

Partout où elles se rencontrent, ces formes de danse populaire expriment les visions, représentations et croyances populaires. Elles sont le témoignage festif d’une énergie sociale interactive où les êtres connaissent cette euphorie qui fait oublier toutes les formes de peine et d’ennui, et permet de renouer avec le patrimoine des ancêtres et de faire revivre par instants des us et coutumes liés à la mémoire collective. 

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