Revue Spécialiséé Trimestrielle

LES MICROSTRUCTURES DE LA PERSONNIFICATION Z110-Z139 DANS LE FILS DU ROI ET L’ERMITE - בן המלך והנזיר ET BLUHER ET BUDHASSEF SELON LES INDEX D’ECHAMI

Issue 49
 LES MICROSTRUCTURES DE LA PERSONNIFICATION  Z110-Z139 DANS LE FILS DU ROI ET L’ERMITE  - בן המלך והנזיר  ET BLUHER ET BUDHASSEF  SELON LES INDEX D’ECHAMI

 

Dr. Farag Qadry al Fakhrany

Professeur de littérature populaire. Université de Janub al Wadi.

 

Cette étude consacrée à la littérature populaire porte sur la classement des microstructures de la personnification dans deux ouvrages. Le premier, en langue arabe, a pour titre Le Livre de Bluher et Budhassef, le second, en hébreu, Le Livre du fils du roi et l’ermite (בן המלך והנזיר). Ce classement s’appuie sur celui proposé par Echami dans ses index. Il se fonde sur l’idée que la personnification est constitutive de l’esthétique de la littérature populaire ainsi que de son expression artistique et de la structure interne de ses œuvres, surtout lorsque celles-ci s’orientent vers le prosélytisme et l’enseignement, ainsi qu’en témoignent clairement les deux ouvrages.

Le corpus comprend d’une part le texte arabe de Bluher et Budhassef, ouvrage anonyme établi par Daniel Guimaret, publié par Dar al Machrek, à Beyrouth, en 1976, et comportant 186 pages de format moyen. Le texte est précédé d’une préface en langue française de 11 pages, il est suivi d’un index des personnages, des lieux et des thèmes.  Nous avons d’autre part l’ouvrage en hébreu intitulé Le Livre du fils du roi et l’ermite (בן המלך והנזoיר) de Shmuel bin Hassadi qui vécut à Barcelone au début du XIIIe siècle. Le texte a été établi par Haberman et publié en 1951 par les éditions מחברות לספרות בסיוע מוסד הרב קוקתל-אביב. L’éditeur a établi le texte à partir du manuscrit N°349 d’Oxford ainsi que des trente versions publiées entre 1518 et 1922, comme l’indique la liste détaillée figurant dans la bibliographie. Les deux versions les plus importantes sont celles de Gushta (1518) et de Mantoue (1557), deux villes différentes dont tout porte à croire qu’elles abritaient un important public juif lettré. L’ouvrage établi par Haberman compte 207 pages de format moyen, il est précédé d’une préface et d’une introduction.

Les deux textes défendent des valeurs morales et mettent en récit des idées sur l’éducation et l’enseignement puisées dans l’histoire d’un ermite hindou appelé Siddhartha Gautama Bouddha qui sera le fondateur du bouddhisme. Citons parmi les valeurs que défendent les deux ouvrages et dont la portée est universelle : aimer l’autre, n’éprouver aucune honte à apprendre d’autrui, aimer l’ennemi avant l’ami… Les deux livres se fondent sur un récit religieux à caractère biographique, appartenant au genre littéraire de la légende. La forme originale de ce récit a été rédigée en sanscrit entre les deuxième et quatrième siècles avant J.C. L’ouvrage fut ensuite traduit en Pahlavi, qui était la langue de la Perse avant l’arrivée de l’islam. Au VIIIe siècle après J.C., le récit fut adapté, sans doute en raison des confluences entre son contenu et le monothéisme islamique, en arabe, de là il est passé dans d’autres langues, tels que le mongolien, le grec, le latin, mais aussi l’hébreu.

Les deux textes présentent une claire convergence entre deux tendances littéraires : la littérature officielle dont les deux auteurs ont exploré les contraintes et les spécificités, et la littérature populaire dont la matière puise dans le génie du peuple et non de l’individu, et dont on voit que beaucoup d’éléments caractéristiques se sont – volontairement et involontairement – infiltrés dans ces textes, éléments que les spécialistes distinguent d’ailleurs de ceux qui sont étudiés dans les textes relevant de la littérature officielle.

Dans l’un et l’autre des deux ouvrages, l’histoire tourne, au départ, autour du prêtre Siddhartha Gautama Bouddha dont le récit nous dit qu’à sa naissance les religieux annoncèrent à son père le roi, que cet enfant était appelé à un grand destin. Il deviendrait soit un monarque qui soumettrait à son autorité de nombreux royaumes, soit un prêtre éminent qui s’élèverait jusqu’à la sainteté. Le roi lui ouvrit alors tous les chemins pour qu’il devînt le grand monarque qu’il aspirait à être. Mais l’humeur de ce jeune homme qui entrait dans sa trentième année et vivait une vie de roi s’est assombrie après qu’il eut  rencontré en trois journées successives un malade, une vieille femme, un mort. Au quatrième jour, lorsque le prêtre qui lui fit découvrir les réalités du monde que son père le roi essayait de lui cacher, et dont la plus importante était la fin inéluctable de tout être vivant, vint le trouver, l’enfant quitta précipitamment cette existence de faste où il était confiné, et se mit à arpenter les rues de l’Inde et à vivre l’expérience du dépouillement le plus extrême. Il n’arriva pourtant pas à réaliser le but de ce qui était sa quête. Ce ne fut que dans sa trente-cinquième année qu’il parvint par une soudaine prise de conscience au ‘’flux abondant de lumière divine’’. Se révélèrent alors à lui les causes de la souffrance humaine et le moyen d’y mettre fin. Siddhartha devint alors Bouddha, c’est-à-dire la source de toute lumière.

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