Revue Spécialiséé Trimestrielle

ORIENTATIONS, PROCEDURES ET METHODOLOGIE DU TRAVAIL SUR LE TERRAIN POUR L’ETUDE DE LA CULTURE MATERIELLE POPULAIRE

Issue 35
ORIENTATIONS, PROCEDURES ET METHODOLOGIE  DU TRAVAIL SUR LE TERRAIN POUR L’ETUDE DE LA CULTURE MATERIELLE POPULAIRE

Youssef Hassan Madani
Soudan

Il est certain que la séparation entre culture matérielle et culture  immatérielle repose sur une dualité artificielle. Nous pouvons en effet estimer que le clivage entre ces deux dimensions de la culture découle d’une vision confuse et erronée. L’étude, par exemple, d’une seule activité liée à la culture matérielle ne peut se limiter à documenter cette activité depuis la constitution de la matière première jusqu’à l’étape finale du processus.


Nous devons en effet appréhender la culture matérielle comme une matière contemporaine vivante liée à ceux qui la produisent et qui l’utilisent, ainsi qu’à leurs coutumes et à leur perception de la culture orale dont ils sont environnés. Le lien doit, en outre, être fait entre les activités humaines et le milieu social, économique et politique, en tant qu’il est le produit d’un processus historique. Prenons, à titre d’exemple, le rite du mariage comme partie du cycle de la vie des hommes. Si nous devons étudier ce rite sur le terrain nous devons documenter les produits de toilette et les parfums qui relèvent de la culture matérielle, mais aussi les croyances, les pratiques et les coutumes qui se rattachent à ce rite. Si nous voulons, d’un autre côté, documenter un métier nous ne pouvons nous concentrer uniquement sur le producteur matériel et sur le travail qu’il accomplit depuis le traitement du matériau brut jusqu’à l’étape finale, nous devons nécessairement accompagner cette description de la collecte de toutes les données concernant ce métier : croyances, traditions, chants de travail, poésies, outre le jargon relatif aux différents éléments de cette production matérielle, si elle en comporte plusieurs. Il est tout aussi important de documenter les noms des outils utilisés dans tel ou tel métier.
La source première et fondamentale de toute étude de la culture matérielle est la collecte directe sur le terrain. Mais il existe des sources secondes, telles que :
1.    Les écrits et ouvrages des historiens classiques comme Hérodote, Pline…
2.    Les écrits des historiens arabes comme Al Messaoudi ou Yakout al Hamawi.
3.    Les écrits et ouvrages des grands voyageurs européens comme Jean-Louis Burkhardt.
4.    Les écrits de grands voyageurs arabes comme ibn Batouta.
5.    Les écrits des historiens, arabes et autres, des époques moderne ou contemporaine.
6.    C’est ensuite qu’intervient la collecte sur le terrain qui est considérée comme l’étape axiale de l’étude de la culture matérielle.
La culture matérielle est l’étude de la production manuelle des hommes dans le contexte de leurs activités quotidiennes qui s’étendent à l’ensemble des travaux manuels qu’il exécute, chaque jour : tournage, teinturerie, industrie du cuir, ferronnerie, joaillerie, orfèvrerie, parfumerie, produis de toilette, filature, tissage, outils agricoles, outils de la pêche, de la chasse, de l’élevage, du bâtiment… Tout cela est étudié en rapport avec les facteurs qui président à la production et à l’utilisation de ces outils et qui relèvent du milieu naturel aussi bien que social, économique et politique ou du cumul historique. C’est le cas en fait pour toute production culturelle, qu’elle soit matérielle ou autre.

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