LES MATERIAUX DE CONSTRUCTION A CARACTERE PATRIMONIAL L’EXEMPLE DE LA REGION ORIENTALE DE L’ARABIE SAOUDITE

L’intérêt pour le patrimoine urbain dans les pays du Conseil de coopération du Golfe a évolué, et les recherches menées de façon individuelle et dispersée tendent aujourd’hui à prendre une forme institutionnelle organisée. Cette mutation a imposé aux institutions officielles ou semi-officielles en charge de ce patrimoine d’étudier de façon scientifique et sur la base d’une approche concertée et minutieuse les formes et les méthodes traditionnelles de construction, dans toutes leurs dimensions artistiques et cognitives. Ces institutions doivent, en même temps, veiller à assurer à leurs ingénieurs et techniciens une formation solide qui puisse leur permettre de prendre les décisions les plus judicieuses, au cours des opérations de ravalement, d’entretien ou de rénovation des bâtiments relevant du patrimoine ou lorsqu’il s’agit des tâches additionnelles qu’ils doivent accomplir à l’intérieur de leur environnement social, comme l’éducation, la formation ou le consulting. La responsabilité première incombe, dans ce domaine, aux institutions du patrimoine urbain en Arabie Saoudite, eu égard à l’étendue du pays et à la grande diversité des styles de construction qui s’y rencontrent.

L’auteur met l’accent dans son étude sur deux matériaux le jiss (probablement le gypse) et  la noura qui sont principalement utilisés dans les constructions ancestrales  de la région orientale du pays. Ces deux exemples permettent de souligner l’importance de la dimension historique et scientifique dans l’étude des nombreux autres matériaux constitutifs du patrimoine urbain du Royaume. L’auteur se penche également sur l’extraction, la transformation et l’utilisation de ces matériaux, sur l’interaction entre l’homme et le milieu naturel et sur la façon dont les ressources et matières premières disponibles ont été exploitées et développées.
L’utilisation du jiss et de la noura dans le bâtiment n’est qu’un des procédés de construction à base d’argile. L’auteur estime que les anciens habitants de la Presqu’île arabique, de l’Irak, de la Syrie et de l’Egypte connaissaient ce matériau et en maîtrisent les usages et les multiples transformations depuis des époques aussi anciennes que la civilisation humaine elle-même. Les fouilles archéologiques qui ont mis à nu des vestiges remontant à trois mille ans avant J.C. ont montré que les populations de la Presqu’île arabique ont largement utilisé la terre dans la construction des maisons, des temples et des remparts entourant les villes. Ils s’en sont également servis pour fabriquer des ustensiles rudimentaires de cuisine pour l’usage quotidien. Ils sont même allés plus loin, dès ces lointaines époques, faisant des tablettes en argile l’équivalent de ce que sera le papier pour l’homme moderne. L’homme primitif a ainsi fabriqué de grandes tablettes sur lesquelles il a gravé ses idées et ses croyances. Le fait est attesté par de nombreux sourates et versets du Saint Coran. Le Très-Haut a dit en s’adressant à Moïse – que la Paix soit sur lui – : « Nous fîmes graver pour lui sur les tables des notions édifiantes sur tout sujet, un clair exposé de toute chose : « Assumes-en fermement le dépôt et enjoins à ton peuple de s’y conformer, s’en tenant au meilleur de leur substance. Je vous montrerai bientôt le séjour des pervers. » (Sourate al a’raf. Essai de traduction de Sadok Mazigh)
De même, les découvertes archéologiques nous ont-elles révélé que l’homme a inventé, dès l’aube de la civilisation, différents moyens et techniques pour améliorer les spécificités physiques et chimiques des productions en terre, comme la cuisson, les ajouts et les mélanges. Certaines sources historiques attestent que le jiss a été utilisé dans la région orientale de la Presqu’île arabique depuis au moins cinq mille ans, de nombreux tumulus ayant été découverts dont la face intérieure était enduite de cette matière.

Jalal Khaled Al Haroun
Arabie Saoudite