LA CHANSON POPULAIRE : UNE LECTURE ANTHROPOLOGIQUE

La chanson populaire peut être considérée comme une riche matière pour le chercheur en anthropologie, en raison de son caractère spontané et de la créativité à laquelle son interprétation et sa transmission donnent lieu, d’autant plus qu’elle s’intègre au vaste recueil des traditions orales par lesquelles les cultures affirment leur existence et leur identité.

Pour conférer à ce genre musical sa légitimité, en tant qu’objet d’étude anthropologique, l’auteur estime qu’il convient d’abord, au plan méthodologique, de s’interroger sur certains aspects socioculturels de la chanson populaire qui s’inscrivent dans le même champ épistémologique que l’anthropologie. Il souligne que :
-    la chanson populaire est un moyen essentiel quant à l’expression des émotions et réactions individuelles, car elle permet aux hommes d’exprimer et de matérialiser leur idées ;
cette chanson constitue l’un des moyens de divertissement et de réjouissance, dans un grand nombre de sociétés traditionnelles ;
les chansons populaires sont porteuses de certaines manifestations symboliques, parfois dans leurs textes écrits, parfois dans leurs mélodies, parfois aussi au niveau de cette symbolique profonde qui se rattache à l’expérience humaine ;
la chanson populaire peut être un excellent accompagnement à certaines activités professionnelles, notamment dans le domaine agricole ;
la chanson populaire est porteuse d’un ensemble de normes sociales qu’elle contribue à diffuser au sein de la société afin de les enraciner et de leur conférer une dimension pratique ;
la chanson populaire contribue également à la cohésion sociale dans la mesure où elle permet de rassembler les individus en vue de réaliser un objectif social ou culturel précis.
Compte-tenu du rôle social et culturel de la chanson populaire que l’auteur vient d’évoquer, l’étude anthropologique de cet art revêt une réelle importance, sur le plan scientifique, dans la mesure où elle permet de comprendre les spécificités cet art et son rôle dans la consécration des singularités socioculturelles de telle ou telle société. La chanson populaire exprime en bien de ses occurrences les différents aspects de la vie dans ses diverses manifestations, et c’est pourquoi elle ne peut que constituer un riche champ d’étude pour l’analyse des réalités d’une société donnée.
La chanson populaire est le produit d’un ensemble de facteurs socioculturels  où interagissent les coutumes et les traditions de tel ou tel milieu. C’est ce qui explique que les spécialistes du patrimoine populaire aient fait de ce type de chanson un champ d’étude aussi fondamental que prioritaire, par comparaison avec tant d’autres domaines constitutifs de l’héritage culturel. La chanson populaire accompagne la vie des hommes, à toutes ses étapes, de la naissance à la mort, outre qu’elle assume de nombreuses fonctions dans la vie quotidienne, l’organisation sociale et le développement artistique, et qu’elle contribue à « archiver » l’expérience des hommes et à retracer leur histoire.
L’auteur conclut en soulignant que la chanson populaire prend forme à la lumière de la réalité humaine et sociale, et que c’est bien sa thématique culturelle qui en fait un objet d’étude pour l’anthropologie culturelle. Il est clair que l’examen des facteurs socioculturels qui concourent à l’élaboration de la chanson populaire permet de mettre en évidence un ensemble de coutumes et de traditions qui diffèrent selon le milieu et l’environnement social à l’intérieur desquels cet art populaire a trouvé à s’épanouir.

Fatma Zekri
Tunisie