Revue Spécialiséé Trimestrielle

L’ARCHITECTURE DE LA MAISON POPULAIRE IRAKIENNE LES MAISONS DE BAGDAD ET DE MOSOUL COMME EXEMPLE

Issue 25
L’ARCHITECTURE DE LA MAISON POPULAIRE IRAKIENNE LES MAISONS DE BAGDAD ET DE MOSOUL COMME EXEMPLE

On considère la culture populaire comme la quintessence de la pensée populaire qui est elle-même expression de groupes ayant reçu un même territoire en partage. Tout ce qui émane de la proximité et de l’interaction entre les gens est en effet une forme de création plurielle, ne serait-ce que par la multiplicité des domaines ou des genres artistiques concernés. C’est sur cette base que la culture populaire a pu acquérir un ensemble de caractères spécifiques qui déterminent le comportement particulier de chaque membre du groupe, lequel est nécessairement fondé sur l’ensemble des valeurs, idéaux et principes dont cette personne a hérité, qu’elle veille à préserver et dont elle se sert pour construire cette identité à travers laquelle elle exprime son rapport au lieu ainsi que les expériences, les vertus et les comportements qui y sont liés.

 

La culture matérielle est partie intégrante de la culture d’une société, dans la mesure où elle témoigne de compétences et de modes de fonctionnement qui sont passés d’une génération à l’autre, conformément au principe de la pérennité des traditions. Cette culture désigne ce qui, de façon générale, est palpable et relève du monde sensible ou bien ce qui résulte de la transformation d’une matière première en vue d’une finalité humaine. Cette définition fait que la culture matérielle occupe une place centrale dans le folklore, car c’est elle qui, dans la mesure où elle touche à l’ensemble des arts plastiques ainsi qu’à des arts appliqués comme l’architecture, concentre le potentiel de créativité dans la culture populaire. L’auteur cite comme exemple la maison populaire bagdadienne qui se fonde sur des règles et des normes particulières en rapport avec la nature du lieu et son environnement matériel et climatique.

L’histoire, écrit-il, nous enseigne que l’architecture est née en Irak depuis les temps les plus anciens. Le monde a vu depuis des milliers d’années l’homme irakien aux prises avec les défis de l’habitat, déployant toute son ingéniosité dans l’art de la construction, alors qu’il ne disposait que de peu de matériaux, et suscitant par ses édifices l’admiration de tous les observateurs. Les croyances religieuses des habitants de la Mésopotamie furent le premier stimulant de cette immense énergie créatrice. Car chaque membre de la société devait servir la divinité qu’il adorait et contribuer à édifier des temples majestueux en son honneur afin de lui apporter ses offrandes. L’architecture s’est donc développée et a prospéré en Irak autour des temples qui étaient consacrées aux Dieux. C’est là que cet art a forgé son style et sa personnalité, ceux-là même qui le distinguent des autres formes archéologiques des temps anciens et qui ont donné son essor à la civilisation de la Mésopotamie, véritable berceau de la civilisation universelle. Et c’est du haut de ses édifices que cette civilisation, née sur les bords du Tigre et de l’Euphrate, a pu contempler la naissance et le développement des autres civilisations du monde en même temps que les progrès qui étaient accomplis sur le plan social, économique, scientifique, technique…

 L’une des grandes réalisations qui témoignent pour cette civilisation est la maison d’habitation, fondement de la vie citadine, qui est apparue d’abord à Sumer et à Babel et dont retrouvons aujourd’hui la trace dans les vieilles demeures bagdadiennes dont le modèle architectural remonte à des milliers d’années.

Les maisons de Bagdad ont en effet pour origine celles de Sumer, Sumer étant en soi un des aboutissements de la civilisation de la Mésopotamie. Ces maisons furent un modèle avancé d’harmonie avec l’environnement et d’adaptation des techniques de construction aux conditions physiques et climatiques. Ce modèle a évolué sur des millénaires, et c’est grâce aux progrès attestés dans les villes de Bassora et de Koufa  que le modèle si typique de la maison bagdadienne dans sa forme actuelle a vu le jour, une maison fermée sur le monde extérieur mais prenant la lumière à l’intérieur par un patio ouvert sur le ciel.

Le climat de l’Irak se caractérise, de façon générale, par l’ampleur des écarts entre l’été et l’hiver, la température pouvant grimper dans les mois les plus chauds de la saison estivale jusqu’à plus de 50° et quelquefois descendre en hiver en dessous de zéro. Dans la même journée, il peut également y avoir entre le jour et la nuit d’importantes amplitudes. La région se trouve, en outre, exposée, pratiquement tout au long de l’été, à des vents chauds et chargés de poussière.

Pour s’adapter à ces conditions climatiques extrêmes l’homme se devait d’inventer les instruments et les techniques nécessaires pour en limiter les effets et se doter des moyens de créer à l’intérieur de sa maison un environnement qui soit au rebours des conditions prévalant à l’extérieur. Il s’est fondé à cet effet sur des règles strictes en matière de conception, et d’abord en sélectionnant les matériaux les plus adaptés à l’environnement. Il n’en reste pas moins que le facteur le plus important pour faire face aux défis liés à de telles conditions climatiques réside dans le rapport fonctionnel entre l’architecture elle-même et les matériaux utilisés.

Khalil Hassan Al Zarkany
Irak

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